mardi 19 mars 2013

Medef : Laurence en CDI ?

Laurence est comme des milliers d’autres salariés en France : en ces temps difficiles, elle ne veut pas perdre son travail. Elle aimerait donc que son CDD soit transformé en CDI, ce qui lui offrirait un peu plus de sécurité et de vision à long terme. Laurence a donc demandé au comité qui s’occupe de son contrat de travail de bien vouloir changer les règles, pour lui permettre de conserver son emploi. Contrairement à ce que l’on croit, les patrons ne sont pas tous cruels et insensibles à la condition des travailleurs : le comité a bien voulu recommander que les règles soient changées. Mais Laurence n’est pas au bout de son parcours du combattant : un autre comité doit valider la décision du premier ; ensuite, plusieurs candidats pour le poste se présenteront, et l’élu(e) le sera par l’ensemble des patrons. Cette démarche de Laurence pour lutter contre la précarité est tout à fait légitime. Mais ce combat courageux se heurte une fois de plus à l’intransigeance de certains patrons.

lundi 11 mars 2013

Le Tour de France de François Hollande

Le président de la République s’en va donc en province (deux jours entiers !, soulignent les médias) inaugurant ainsi un Tour de France (avant le vrai) pour regarder le pays au fond des yeux, comme disait un de ses prédécesseurs. Il veut quitter Paris et ses jeux cruels de pouvoir, les méchancetés, les attaques, les dénigrements, cette dure loi de la politique, pour aller rencontrer la France profonde, parée de toutes les vertus, pour « expliquer sa politique et faire de la pédagogie ».
Mais François Hollande va aussi en province comme on va à Lourdes, en espérant un miracle (la baisse du chômage), une apparition (le retour de la croissance), ou tout au moins un signe (la remontée de sa popularité).
D’abord à Dijon, donc. En espérant que la célèbre moutarde ne montera pas au nez des Dijonnais accablés par les efforts passés et les efforts à faire, et qui ne voient pas « le bout du tunnel », expression que plus personne n’utilise, parce que personne ne s’attend à l’apercevoir bientôt.
Le président va donc nous expliquer, dans le cadre du Discours de Dijon, que sa politique est la bonne, que les temps sont durs, que c’est la faute à l’héritage, qu’il faut se redresser, et qu’il a un cap pour cela. Les Dijonnais pourraient lui rétorquer que faire de la pédagogie c’est bien, faire les réformes nécessaires c’est mieux. Mais ils ne seront sans doute pas aussi impolis (mise à jour mardi 12 mars : certains Dijonnais ont protesté, demandant "où sont les promesses du candidat Hollande" ; ils ont été virilement écartés par la police).
Ce déplacement sera donc de même nature que tous les autres déplacements politiques : du spectacle, des paroles, avec visite d’entreprises méritantes et de quartiers difficiles, réception à l’Hôtel de ville et bain de foule régénérateur, sous l’œil complaisant des caméras.
Les Dijonnais et les Français n’ont pas besoin de pédagogie : il leur faut un objectif clair, une perspective nette, des décisions et des actions rapides, courageuses et fermes. Le problème est que les Français ne sont pas les seuls à être déboussolés : ceux qui nous gouvernent le semblent tout autant. C’est inquiétant.

dimanche 3 mars 2013

Un dimanche sans Pape

Pas de bénédiction au Vatican ce dimanche (et pas de gouvernement à Rome, non plus). Benoît se repose à Castel Gandolfo, avant d’entamer une vie d’érudit médiéval dans un monastère à quelques pas de Saint-Pierre de Rome. Réflexion et sérénité. La vie rêvée de Joseph Ratzinger, pape à la retraite. Face à la bataille de chiffonniers de Fillon et Copé pour le pouvoir à l’UMP, face au désir de s’agripper au Medef de Laurence Parisot, face à la farce des élections de Poutine et Medvedev, face à tous ceux sur la planète qui ne lâcheront le pouvoir que quand ils seront morts, la décision de Benoît XVI de renoncer volontairement à sa fonction du fait d’une charge trop lourde est une formidable leçon de sagesse et de lucidité, qui force le respect. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, il ne faut pas s’attendre à ce que cet exemple soit suivi de beaucoup d’autres, hélas.

La Suisse vertueuse

La Suisse, qui a été régulièrement vilipendée par nos politiques pour ses dispositions fiscales bienveillantes vis-à-vis des étrangers fortunés, vient de voter ce dimanche à 67,9% CONTRE les rémunérations excessives des patrons de sociétés suisses cotées, et pour l’interdiction des parachutes dorés. De plus, le mandat des membres des conseils d’administration sera limité à un an, et l’assemblée générale des actionnaires devra approuver les rémunérations de la direction et des administrateurs. Ce que la France et l’Allemagne n’ont pas encore fait, ce que la Grande-Bretagne refuse de faire, le peuple suisse l’a fait. Superbe pied-de-nez du paradis fiscal au reste de l’Europe. Il sera désormais difficile d’attaquer la Suisse sur la morale de ses lois fiscales et financières, parce que la réponse des Helvètes sera toute trouvée.