dimanche 27 novembre 2011

Morin président !

Qui ? Morin. Hervé Morin. Le président du Nouveau Centre a mis fin au suspens insoutenable qui nous torturait depuis plusieurs semaines. Oui, il est candidat à la présidence de la République. Pour confirmer l'annonce de sa candidature, qu'il avait déjà évoquée, et lui donner un peu de grandeur, il a choisi de la proclamer au pied du pont de Normandie, sa région natale. La différence de taille entre l'ouvrage et le candidat laisse augurer de son score au premier tour (le candidat, pas le pont).

samedi 26 novembre 2011

Le juste prix

Le "Parisien" nous révèle les salaires des footballeurs dans les clubs français : 350 000 euros mensuels en moyenne. Au Bayern de Munich, Frank Ribéry gagne 800 000 euros par mois. Dans le même temps, le ministre de l'Éducation nationale annonce que le salaire de départ des jeunes enseignants sera porté à 2000 euros mensuels. Donc, 350 000 euros représentent 14,5 années de rémunération d'un enseignant débutant. Personne ne s'est ému de telles différences de traitements, aucune indignation dans la presse ou ailleurs. Tous ceux qui sont prompts à descendre dans la rue au nom de l'égalitarisme forcené n'ont pas bougé. Tout cela est donc normal dans nos sociétés modernes.

Délocalisation de l'autorité

Après avoir délocalisé une bonne partie de ses usines, de ses centres d'appel, de sa maintenance informatique, de sa gestion bancaire (back office), la France délocalise maintenant son autorité, en partie sous la contrainte. Les décisions qui concernent notre pays se prennent de plus en plus dans les bureaux new yorkais des agences de notation, à Berlin, voire en Chine. Pourquoi ? Parce que nos politiques, après 30 années d'irresponsabilité budgétaire, nous ont mis dans une position de faiblesse qui ne nous donne pas beaucoup de ressources pour résister aux demandes des marchés ou de notre partenaire à Berlin. L'Allemagne a imposé à son peuple 10 ans de sacrifices pour être aujourd'hui un pays plus vertueux que nous, et les marchés n'auraient aucune prise sur la France si nous n'avions pas accumulé 1800 milliards de dette. La démagogie nous fait accuser les autres, mais les problèmes sont nés et ont grandi en France. Depuis 18 mois, les principaux dirigeants français et européens n'ont pas fait grand chose pour tenter de régler réellement les problèmes, à part se réunir et pondre des communiqués d'eau tiède après chaque "sommet". Plus on recule devant les décisions fortes, plus la note sera salée. Mais en France on préfère s'écharper à propos d'un accord électoral ou d'un droit de veto à l'ONU. On croit rêver. Mais non, c'est un cauchemar.

lundi 21 novembre 2011

Cent millions d'argent de poche

Révélation ! Mme Bettencourt avait 100 millions d'euros sur des comptes en Suisse et à Singapour, selon Mediapart ! Compte tenu de la fortune de la dame (environ 15 milliards d'euros), ce montant ne représente pas grand chose. Une question intéressante serait de se demander pourquoi mettre à l'abri à l'étranger une partie infime de ses avoirs, et à quoi servait cet argent. On pourrait formuler une hypothèse : ces comptes à l'étranger permettaient des mouvements invisibles aux autorités françaises, et pourraient avoir été un outil idéal pour fournir des sommes importantes à diverses personnalités choisies. Pour financer des campagnes électorales, peut-être ? Simple hypothèse. Attendons les prochaines révélations de Mediapart, ou d'autres.

dimanche 20 novembre 2011

La finance et la matraque

Avez-vous vu les images de l'évacuation par la police de New York de Zuccotti Park ? (Occupy Wall Street). On peut les trouver sur You Tube, Vimeo, et les autres sites similaires. Ces images font froid dans le dos : des centaines de policiers casqués évacuent avec brutalité des gens pour la plupart non-violents. Cela fait penser au Chili, à l'Argentine, à la Grèce au temps des dictatures. Que faisaient ces gens ? ils protestaient pacifiquement contre la toute puissance de la finance et les injustices de plus en plus insupportables provoquées par les excès de celle-ci. Une intervention aussi musclée montre clairement la collusion entre les autorités de la ville et ladite finance, qui ne pouvaient tolérer cette modeste remise en question de leurs privilèges exorbitants. Cela en dit long sur notre système de valeurs, et la sacro-sainte liberté d'expression américaine prend un coup de matraque sur la tête.

samedi 19 novembre 2011

Salades vertes et roses

Les séries TV semblent avoir de plus en plus d’influence sur la politique, où les échanges sur un sujet entre les partis se déroulent en plusieurs épisodes. La dernière illustration de ce phénomène est évidemment l’accord-désaccord entre les Verts et le P.S. mettant en jeu le nucléaire. La série de déclarations faites tout au long de la semaine par les uns et les autres nous laisse aussi perplexes que certains épisodes de LOST. L’impression que l’on en retire est d’avoir assisté néanmoins à des manœuvres de politicaillerie pitoyables, où ceux qui se voient déjà aux affaires se disputent et se répartissent les places (on échange des circonscriptions contre des centrales, selon la formule de Nathalie Kosciusko-Morizet). Attention à ne pas commettre la même erreur que Lionel Jospin, et à affronter les élections dans l’ordre : premier tour et second tour de la présidentielle, et ensuite les législatives, et pas le contraire.

vendredi 18 novembre 2011

Un magot de 602 millions

Si vous possédez encore des francs sous votre matelas, vous avez jusqu'au 17 février 2012 pour les échanger. Après, il sera trop tard. En 2010, les Français possédaient encore l'équivalent de 602 millions d'euros en francs. Si personne ne rapporte ces francs, la Banque de France inscrira donc ces 602 millions à son actif. C'était notre rubrique "comment gagner de l'argent en dormant".

mercredi 16 novembre 2011

Parachutistes électoraux

Paris vaut bien un saut en parachute. Il y a quelque temps, François Fillon annonçait son parachutage à Paris, aussitôt contesté par l’ancienne parachutée Rachida Dati, qui a donc la mémoire courte. Aujourd’hui, on annonce le saut prochain sur la capitale de Cécile Duflot, suite à l’accord laborieux passé entre le PS et les Verts. Ce qui énerve prodigieusement Bertrand Delanoë, qui veut faire de Anne Hidalgo sa dauphine officielle, dans la grande tradition de la monarchie républicaine ; apparemment, il n’y a pas la place pour deux femmes de gauche à Paris.
À La Rochelle, on annonce le prochain parachutage de Ségolène Royal, ce qui provoque aussitôt une levée de fourches des indigènes. Le PS se défend en disant que cette circonscription est réservée à une femme (parité oblige), ce qui ne trompe personne. C’était le prix à payer pour le soutien de la dame à François Hollande avant le second tour des primaires socialistes.
À gauche ou à droite, on se chamaille donc déjà pour l’après-présidentielle, en oubliant les petits soucis quotidiens : la crise de la dette, la croissance en berne, le chômage persistant... À tous ceux et celles qui ont ce curieux sens des priorités, rappelons que dans parachute il y a chute, et que rien n’est jamais joué d’avance ; les misères actuelles de François Hollande sont là pour le démontrer.

samedi 12 novembre 2011

L'avènement des comptables

Il est intéressant de noter que les sorties de crise semblent se faire de la même façon en Grèce et en Italie : par la nomination d’un gouvernement de technocrates, c’est-à-dire de gens compétents mais sans dimension ou stature politique. Des gestionnaires sans charisme, sans vision, qui contribueront sans doute à améliorer les choses, mais qui n’entraîneront pas les peuples à se dépasser pour surmonter durablement les difficultés. Il n’y a plus de Churchill, de De Gaulle, de Roosevelt. Une époque livrée à la finance ne produit plus que des comptables pour s’occuper des affaires publiques.

vendredi 11 novembre 2011

Le jour des nombres premiers

Le chiffre 2 est un nombre premier. Le 11 aussi. Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 ou par eux-mêmes. 2, 3, 5, 7, 11, 13 sont des nombres premiers. À l’heure où l’on célèbre le 11 novembre 2011 (11-11-11), pour les raisons que l’on sait, on pourrait aussi célébrer aujourd’hui la fête de l’individualisme, puisque ces nombres refusent d’avoir quelques rapports que ce soient avec les autres nombres, à part le 1. une illustration mathématique de l’époque du chacun pour soi, du moi d’abord, de l’indifférence aux autres, du recul de la politesse de base et du savoir vivre ensemble. Ceux qui ont donné leur vie sur les champs de bataille étaient sans doute moins égoïstes, plus solidaires, avaient plus le sens des autres. On peut célébrer leur mémoire en pensant que les générations précédentes ont connu des temps autrement plus durs que les nôtres. Il ne s’agit pas de nier les difficultés actuelles ; il s’agit simplement de les relativiser.

jeudi 10 novembre 2011

Les marchés font de la politique

Beaucoup s'offusquent de la puissance des marchés financiers dans les décisions de politique européenne. Démission forcée de monsieur Papandréou en Grèce, démission à venir de Silvio Berlusconi en Italie. Mais on peut estimer que ces deux départs sont plutôt une bonne chose. Georges Papandréou a été incapable d'appliquer les réformes nécessaires en Grèce. Silvio Berlusconi se révèle aussi incapable de réformer l'Italie, et a perdu toute crédibilité suite à ses frasques extra-politiques. Les marchés forcent les politiques à prendre des décisions qu'ils auraient dû mettre en œuvre il y a longtemps. La Bourse corrige donc la lâcheté ou l'incompétence des politiques, et les pousse à agir vite. Faut-il s'en plaindre ? Je ne le pense pas. Si des décisions fermes et courageuses avaient été prises il y a dix-huit mois, la crise serait moins grave aujourd'hui. C'est là le message des marchés : mettez votre maison en ordre avant qu'il ne soit trop tard, et tout retard dans les décisions ne fait qu'aggraver la situation. Du simple bon sens, hors de toute manœuvre politique (voir les pitoyables tractations en Grèce pour former un nouveau gouvernement).

dimanche 6 novembre 2011

Rapprochement

D'un côté, vous avez les journalistes de Charlie Hebdo, momentanément hébergés par Libération, qui cherchent en urgence des locaux pour continuer la publication de leur hebdomadaire. D'un autre côté, vous avez DSK, tout seul dans son grand appartement de la place des Vosges, et qui paraît-il s'ennuie beaucoup. Pourquoi n'accueillerait-il pas ces journalistes SDF ? Il aurait des distractions, et sans doute des discussions animées et enrichissantes avec l'équipe. Il pourrait même tenir une rubrique "Économie". Une idée à creuser ?

Mars en novembre

Il y a quelques jours, les « cosmonautes » qui avaient accepté de s’enfermer dans un espace clos en Russie pour simuler un voyage aller-retour sur la planète Mars ont mis fin à leur expérience, après 520 jours d’isolation relative. On a pu noter leur bonne forme physique et mentale. Mais posons une question naïvement iconoclaste : à quoi cela sert-il d’envoyer des hommes sur Mars ? Il y a quelques années, la mission Pathfinder nous avait déjà permis de découvrir d’extraordinaires photos de la planète rouge, et d'obtenir une foule de données scientifiques. Plutôt que d’envoyer des hommes sur Mars, pourquoi ne pas multiplier les missions Pathfinder, dans la mesure où l’on sait que la vie humaine sur Mars n’est pas possible (à moins d’envisager des équipements et une logistique qui mobiliseraient des ressources hors de portée de nos pays endettés, et qui serait alors une pure folie, compte tenu des problèmes immenses qui restent à résoudre sur notre planète bleue). Autre question : à quoi cela a-t-il servi d’envoyer des hommes sur la Lune, à part le fait pour les USA d’avoir gagné le concours de la virilité spatiale face à l’URSS ? La vie n’est pas possible sur la Lune, qui est une banlieue de la Terre. Pourquoi aller sur Mars, qui pose des défis à la limite de l’insurmontable ? Ne pourrait-on pas se fixer d’autres défis plus utiles à l’humanité, comme la fusion nucléaire ou la pile à hydrogène, deux sources d’énergie très prometteuses et non-polluantes ? A-t-on vraiment les moyens de gaspiller des milliards de dollars ou d’euros dans des aventures sans lendemains ? C’était notre réflexion du dimanche.

Vous reprendrez bien un peu de rigueur ?

Dans le raisonnement, dans les affaires, dans l’exercice d’une activité quelconque, faire preuve de rigueur est plutôt une qualité. Qui pourrait blâmer quelqu’un de rigoureux dans son métier ? Et pourtant, en politique, le mot est entaché d’une forte charge négative. Il est devenu synonyme d’austérité, de vaches maigres, de serrage de ceinture, de soupe à la grimace. Les nouvelles mesures qui seront annoncées demain par le Premier ministre entrent dans ce cadre. Relèvement du taux réduit de TVA, économies budgétaires supplémentaires, et peut-être une nouvelle journée de solidarité, qui serait appelée « journée de compétitivité » (les communicants crétins ont encore frappé). Une fois de plus, on attend aussi une lutte sévère contre les gaspillages et gabegies de toute nature détaillés chaque année par la Cour des comptes, et qui deviennent de plus en plus odieux et insupportables au fur et à mesure que les difficultés s’accumulent. On attend et... rien ne vient. Pas de volonté de rigueur dans la gestion de l’argent public, là où elle serait la plus nécessaire et la mieux acceptée par tous. Cette rigueur annoncée est en toc. Toutes les mesures récentes prises ne sont que des rafistolages, des économies de bouts de ficelles, des mesurettes cosmétiques qui ne sont pas à la hauteur des problèmes immenses à régler. On attend de la rigueur et de la volonté ferme dans l’action. On les cherche. On ne les trouve pas.

Chevènement fait l'événement

Rassurez-vous, le titre est ironique. Le vieux lion de Belfort est donc à nouveau candidat à la présidence de la République. Il propose « la croissance plutôt que la récession, la souveraineté nationale dans le fédéralisme européen (?) », et il veut tout simplement « mettre la Gauche à la hauteur des défis qui sont devant nous, et remettre d’aplomb la République ». Ça va les chevilles ? Sans trop de moyens, sans beaucoup de soutiens, notre Don Quichotte de gauche va donc partir en campagne, et amputer le candidat PS de quelques pour cents de voix au premier tour. On l’avait accusé d’avoir contribué à faire perdre Jospin en 2002. Du côté des Verts, un accord avec le PS sera difficile, compte tenu de leur rigidité à propos de l’abandon du nucléaire. François Hollande devrait donc se méfier : malgré la couleur rose des sondages actuels le concernant, rien n’est joué pour 2012, et la candidature du « Che » n’est pas une bonne nouvelle.