samedi 31 décembre 2011

Un célèbre inconnu

Ce fut le 33e Pape, de 314 à 335, sous le règne de l'empereur Constantin 1er, qui imposa la tolérance du christianisme lors du concile de Nicée en 325. Les premiers monuments chrétiens furent construits pendant sa papauté : l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, les basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Jean-de-Latran à Rome, les églises des Saints-Apôtres et de Sainte-Sophie à Constantinople. On lui a attribué des miracles, par exemple d'avoir ressuscité un taureau ou dompté un dragon. Il fut l'un des premiers saints canonisés sans avoir enduré le martyre. Il s'appelait Sylvestre. Saint Sylvestre.

jeudi 29 décembre 2011

Un scandale chasse l'autre

Après le sang contaminé, le Médiator. Après le Médiator, les implants mammaires. À chaque fois, les circonstances sont les mêmes : recherche du profit au détriment de la sécurité, ignorance, complaisance ou incompétence des autorités de contrôle, prise de mesures insuffisante et trop tardive. Et des centaines, voire des milliers de victimes qui ont eu simplement le tort de croire ce qu'on leur a dit. Ceux qui s'étonnent du scandale des implants mammaires s'étonnaient exactement de la même façon à propos du Médiator, en particulier les médias, qui donnent vraiment l'impression de nous prendre pour des demeurés. L'avocat de la société PIP invoque "des raisons capitalistes". On se pince. On ne rêve pas. Tout cela mettra évidemment des années à se régler, au détriment de ceux et celles qui ont fait confiance aux professionnels (chirurgiens, agence du médicament, etc.) et qui paieront de toute façon la facture. Cette inconséquence récurrente du système est à la fois révoltante et désespérante.

mercredi 28 décembre 2011

Confiants pour 2012

Le Parisien nous annonce l’arrivée presque officielle de David Beckham au PSG. Salaire mensuel brut : 800 000 euros. Madame Posh va pouvoir compléter sa garde-robe sans problème. Le même club envisage d’engager aussi Carlo Ancelotti comme entraîneur, pour 500 000 euros mensuels. Au moins, il ne rendra pas jaloux Javier Pastore, qui perçoit le même salaire. À New York, la fille d’un oligarque russe, Ekaterina Rybolovleva, vient de s’offrir un modeste pied-à-terre pour 88 millions de dollars, sur Central Park West. De son côté, son père s’est payé pour Noël un morceau de l’AS Monaco pour 200 millions d’euros. L’année 2012 ne s’annonce pas si mal, pour certains.

Double peine

Suite au décès du Cher Leader, le chagrin est immense en Corée du Nord, comme nous le montre la télévision officielle. Des funérailles grandioses ne suffiront pas à consoler ce peuple éprouvé par la perte d'une des lumières de l'humanité. Cet enterrement de première classe est à comparer avec les obsèques dignes et sobres de Vaclav Havel, disparu le même week-end. Tout ce qui est exagéré est insignifiant, disait Talleyrand. En voici une preuve supplémentaire.

mardi 27 décembre 2011

Chaud devant !

Météo France nous annonce que 2011 aura été l'année la plus chaude, depuis le début du 20e siècle. À tous ceux qui continuent de prendre leur voiture pour faire 500 mètres, de ne pas trier leurs déchets, d'utiliser des poches plastiques et de laisser des TV allumées que personne ne regarde : continuez, la catastrophe se rapproche.

dimanche 25 décembre 2011

Urbi et orbi

En ce jour de Noël, le Pape demande l'instauration de la paix dans le monde, la fin des violences en Syrie, la réconciliation des chrétiens et des islamistes au Proche-Orient, la cessation des hostilités et de la famine dans la Corne de l'Afrique... C'est ce que l'on appelle des vœux pieux.

Noël noir

Admirons le sens de l'à-propos de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, qui nous annonce exactement le jour de Noël que l'économie mondiale est dans une situation particulièrement alarmante, et qui presse l'Europe de trouver des solutions pour sortir de la crise (interview aujourd'hui dans Le Journal du Dimanche). Le journal et l'interviewée auraient pu observer une trêve dans les mauvaises nouvelles, et reporter l'article d'une semaine, afin que nous ayons au moins un jour de répit. Mais non. Dans une époque de vulgarité, de grossièreté et de lourdeur massives, le tact et le savoir-vivre ont définitivement quitté la scène.

vendredi 23 décembre 2011

Nos amis

En France, nous avons l’habitude d’appeler « nos amis » les gouvernements avec lesquels nous sommes très fâchés. En 2003, on a beaucoup dit « nos amis Américains » au moment du non à la guerre en Irak, quand les Yankees vidaient les grands crus français dans le caniveau et que les french fries étaient rebaptisées Liberty fries. En 2008 - 2009, « nos amis Américains » ont été remplacés par « nos amis Allemands », quand Cruella Merkel ne voulait rien entendre en matière financière, au plus fort de la crise des subprimes. Aujourd’hui, place à « nos amis Turcs », après les réactions courroucées de la Turquie suite au vote parlementaire concernant le génocide arménien. Avis à tous nos amis étrangers : quand la France vous appelle « nos Amis », ce n’est jamais bon signe.

mercredi 21 décembre 2011

Alerte générale

Chaque premier mercredi du mois, à midi, la sirène sonne dans toutes les villes de France. C’est un exercice destiné à vérifier que ce système d’alerte fonctionne, et à rappeler périodiquement cette disposition à la population. Au temps d’Internet, des portables omniprésents, des SMS, de Twitter, qui permettent de savoir dans la minute ce qui se passe à l’autre bout de la planète, ce dispositif semble désuet, médiéval, préhistorique, comme le tocsin ou les annonces du garde-champêtre. Mais ce système a ses vertus : il possède une dimension dramatique et impressionnante inégalée. L’annonce de la Troisième Guerre mondiale par SMS à la population pourrait manquer d’impact et être prise pour une plaisanterie, ce qui nuirait fortement à l’efficacité de la réponse nationale. Rendez-vous mercredi 4 janvier à midi pour le vérifier.

mardi 20 décembre 2011

Barbie et Kim

Dans son cercueil transparent, le "Cher Leader" offre une étonnante ressemblance avec la façon dont est présenté le fiancé de Barbie dans les rayons des magasins de jouets. Le défunt sous blister est offert à l'adoration des foules, comme Barbie et Ken sont offerts à la convoitise des petites filles. Étonnant rapprochement entre le pire collectivisme et le capitalisme le plus débridé. En Corée du Nord, la mise en scène du chagrin national, avec ses cohortes de pleureurs et de pleureuses, nous semble d'un ridicule achevé dans sa fausseté. Cela ne devrait pas nous faire oublier la mise en scène de la politique dans nos sociétés éminemment démocratiques, qui est beaucoup plus subtile mais tout aussi perverse. Dans les deux cas, il s'agit d'abuser les esprits. La différence n'est qu'une question de degré et d'habileté.

lundi 19 décembre 2011

Mort du bien et du mal

Les décès ce week-end de Vaclav Havel et de Kim Jong-il nous offrent à la fois une opposition et un rapprochement saisissants. C’est un peu le bien contre le mal : la soif de liberté d’un côté, le délire du pouvoir et de l’asservissement de l’autre. L’annonce du décès du « cher leader » par une présentatrice en larmes et vêtue de noir illustre bien la folie dans laquelle la Corée du Nord est plongée. Avec Vaclav Havel (prononcer Vaslav, s’il vous plaît, comme les Tchèques), c’est la belle et opiniâtre lutte contre le totalitarisme que l’on peut honorer, de la part d’un dramaturge-président qui aura su faire passer son pays du totalitarisme à la démocratie sans verser de sang, avec la Révolution de Velours. Espérons que la Corée du Nord connaisse un jour le desserrement de l’étau et le bonheur fragile de la liberté. Tous les peuples la méritent.

mardi 13 décembre 2011

La vie en noir

Selon les dernières statistiques rapportées par la presse, Un Français sur vingt aurait déjà tenté de se suicider. Sur la base de 63 millions d'habitants, cela fait 3 150 000 personnes qui ont voulu mettre fin à leur jours ; c'est beaucoup. Dans le même temps, nous sommes aussi les champions d'Europe de la consommation d'antidépresseurs. On peut donc se poser la question : qu'est-ce qui ne va pas en France ? Dans la première destination touristique mondiale, dans la cinquième économie de la planète, qu'est-ce qui ne tourne pas rond ? Les conditions de vie dans notre pays sont-elles si désespérantes ? Le peuple qui a inventé le champagne et le cinéma n'a-t-il plus le goût de rêver ? S'agit-il là du "syndrome français", de notre incapacité à jouir de tous nos avantages, matériels et immatériels ? Louis XIV lui-même était réputé dépressif, parmi les ors et les fastes de Versailles. Pour briser cette apparente fatalité, peut-être aurions-nous besoin d'un gigantesque coup de pied au cul qui nous propulse de nouveau en avant, qui nous donne l'envie d'inventer, d'entreprendre, de changer les choses. Il y a du génie en France ; pourquoi n'y a-t-il pas d'Apple, de Facebook, de Google français ? Notre idéal semble être de mener une "vie de Prozac", linéaire, tranquille, sans trop d'émotions extrêmes ; c'est-à-dire le contraire de la vie. Espérons que de nouvelles générations aient l'envie furieuse de tout bousculer, plutôt que de mener une vie de fonctionnaire, comme l'envisage un jeune sur trois (sondage Harris Interactive mai 2011).

samedi 10 décembre 2011

Mauvaises notes

Le temps n'est peut-être pas si lointain où les agences de notation perdront de leur influence auprès des marchés, à force de dégrader tout et tout le monde tout le temps. La lassitude fera ses effets. On peut se souvenir que ces Cassandre d'aujourd'hui notaient AAA des sociétés comme Enron juste avant sa faillite, et qu'ils n'ont absolument pas vu venir la crise des subprimes. Pourquoi leur accorder plus de crédit aujourd'hui ? Les USA ont perdu leur triple A, aujourd'hui ils empruntent moins cher qu'avant. Ne soyons donc pas trop inquiets des avis de ces comptables à la vue courte : comme dit le dicton populaire, le pire n'est jamais certain. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut relâcher les efforts de désendettement.

jeudi 8 décembre 2011

La dernière dernière chance

Ce soir à Bruxelles commence donc le 12e sommet européen de la 12e dernière chance, pour résoudre la crise des dettes souveraines et sauver l'euro. Depuis 18 mois, les sommets se succèdent, accompagnés à chaque fois des prédictions les plus alarmistes si le sommet devait connaître l'échec. Au fil des mois la crise s'est aggravée, la note devient de plus en plus lourde à payer. Les décisions qui finiront par être prises sous la pression des marchés auraient du l'être il y a longtemps, dans une relative maîtrise du calendrier. Ce n'est plus le cas. L'attitude alarmiste étant devenue une habitude, ces annonces d'apocalypse ont aujourd'hui un résultat inattendu : elles nous font bâiller.

mercredi 7 décembre 2011

Ça se réchauffe

Le réchauffement climatique a des conséquences diverses et variées. L’automne 2011 a été l’un des plus chauds du 20e siècle, avec un effet immédiat : la consommation de bière des Français a augmenté de 10,2% par rapport à la même période en 2010, comme nous l’apprend Le Figaro. La consommation d’eaux plates, d'eaux gazeuses et de sodas est aussi en augmentation. Ce qui désespère les climatologues réjouit les cafetiers. Les dernières prévisions de ce réchauffement étant plutôt alarmistes, on peut s’attendre à d’autres bouleversements. Les Lillois vont-ils cultiver des oranges, des citrons et des pamplemousses, et concurrencer la Floride ? Assistera-t-on à une épidémie de paludisme en région Rhône-Alpes ? Les Écossais vont-ils abandonner le whisky et cultiver la vigne ? Les touropérateurs vont-ils proposer des croisières tropicales sur la mer Baltique ? Les cachemires double-fil vont-ils définitivement laisser la place aux cachemires simple fil ? Nous attendons des futurologues des réponses claires à toutes ces questions qui nous taraudent.

Un printemps russe ?

Ce qui se passe en Russie est très intéressant : on croyait le duo Poutine-Medvedev (Dolce & Gabbana, comme les surnomment les Russes) fermement installé au pouvoir pour longtemps, avec son système de chaises musicales alternatives et sa pratique musclée de la démocratie. La perte de 20 points de leur parti aux dernières législatives et les manifestations à répétition à Moscou et ailleurs montrent qu'il n'en est rien. Les Russes se révoltent contre les fraudes manifestes dans les bureaux de vote, contre la corruption, contre ce pouvoir arbitraire qui ne leur laisse pas beaucoup de choix. C'est une évolution à suivre de près, de la part de ce peuple que l'on croyait passivement d'accord avec ce pouvoir à deux têtes.

samedi 3 décembre 2011

Élastiques abandonnés

Quand on arpente les trottoirs de Paris, on peut apercevoir, tous les jours, des élastiques jetés sur ces mêmes trottoirs. De quelques millimètres de large, d'environ sept à huit centimètres de diamètre, ces élastiques sont tous du même modèle. D'où viennent-ils ? Quel a été leur usage ? Ont-ils servi de signes à quelques malfaiteurs en quête de cambriolage, à quelques espions pour faire passer leurs messages ? Pas du tout. À force d'arpenter les trottoirs de Paris, j'ai fini par percer le mystère. Ces élastiques sont utilisés par les facteurs pour tenir ensemble tous les courriers destinés à une même adresse. Une fois ces courriers insérés dans leurs boîtes à lettres respectives, les facteurs jettent ces élastiques sur la voie publique, et les abandonnent à leur sort, sans faire montre d'aucune reconnaissance pour le service rendu. Le facteur écologique ne semble pas intervenir dans le comportement de ces préposés : jet d'objet sur la voie publique, gaspillage de ressources (il serait facile de garder ces élastiques pour la tournée du lendemain). Le facteur économique ne semble pas non plus compter : si cette pratique est courante dans tout Paris, chaque jour (sauf dimanche et fêtes), toute l'année, pour tous les facteurs, quel est le coût de ce gaspillage ? En ces temps d'économies tous azimuts, La Poste aurait besoin d'un gros élastique pour resserrer sa gestion des ressources.

dimanche 27 novembre 2011

Morin président !

Qui ? Morin. Hervé Morin. Le président du Nouveau Centre a mis fin au suspens insoutenable qui nous torturait depuis plusieurs semaines. Oui, il est candidat à la présidence de la République. Pour confirmer l'annonce de sa candidature, qu'il avait déjà évoquée, et lui donner un peu de grandeur, il a choisi de la proclamer au pied du pont de Normandie, sa région natale. La différence de taille entre l'ouvrage et le candidat laisse augurer de son score au premier tour (le candidat, pas le pont).

samedi 26 novembre 2011

Le juste prix

Le "Parisien" nous révèle les salaires des footballeurs dans les clubs français : 350 000 euros mensuels en moyenne. Au Bayern de Munich, Frank Ribéry gagne 800 000 euros par mois. Dans le même temps, le ministre de l'Éducation nationale annonce que le salaire de départ des jeunes enseignants sera porté à 2000 euros mensuels. Donc, 350 000 euros représentent 14,5 années de rémunération d'un enseignant débutant. Personne ne s'est ému de telles différences de traitements, aucune indignation dans la presse ou ailleurs. Tous ceux qui sont prompts à descendre dans la rue au nom de l'égalitarisme forcené n'ont pas bougé. Tout cela est donc normal dans nos sociétés modernes.

Délocalisation de l'autorité

Après avoir délocalisé une bonne partie de ses usines, de ses centres d'appel, de sa maintenance informatique, de sa gestion bancaire (back office), la France délocalise maintenant son autorité, en partie sous la contrainte. Les décisions qui concernent notre pays se prennent de plus en plus dans les bureaux new yorkais des agences de notation, à Berlin, voire en Chine. Pourquoi ? Parce que nos politiques, après 30 années d'irresponsabilité budgétaire, nous ont mis dans une position de faiblesse qui ne nous donne pas beaucoup de ressources pour résister aux demandes des marchés ou de notre partenaire à Berlin. L'Allemagne a imposé à son peuple 10 ans de sacrifices pour être aujourd'hui un pays plus vertueux que nous, et les marchés n'auraient aucune prise sur la France si nous n'avions pas accumulé 1800 milliards de dette. La démagogie nous fait accuser les autres, mais les problèmes sont nés et ont grandi en France. Depuis 18 mois, les principaux dirigeants français et européens n'ont pas fait grand chose pour tenter de régler réellement les problèmes, à part se réunir et pondre des communiqués d'eau tiède après chaque "sommet". Plus on recule devant les décisions fortes, plus la note sera salée. Mais en France on préfère s'écharper à propos d'un accord électoral ou d'un droit de veto à l'ONU. On croit rêver. Mais non, c'est un cauchemar.

lundi 21 novembre 2011

Cent millions d'argent de poche

Révélation ! Mme Bettencourt avait 100 millions d'euros sur des comptes en Suisse et à Singapour, selon Mediapart ! Compte tenu de la fortune de la dame (environ 15 milliards d'euros), ce montant ne représente pas grand chose. Une question intéressante serait de se demander pourquoi mettre à l'abri à l'étranger une partie infime de ses avoirs, et à quoi servait cet argent. On pourrait formuler une hypothèse : ces comptes à l'étranger permettaient des mouvements invisibles aux autorités françaises, et pourraient avoir été un outil idéal pour fournir des sommes importantes à diverses personnalités choisies. Pour financer des campagnes électorales, peut-être ? Simple hypothèse. Attendons les prochaines révélations de Mediapart, ou d'autres.

dimanche 20 novembre 2011

La finance et la matraque

Avez-vous vu les images de l'évacuation par la police de New York de Zuccotti Park ? (Occupy Wall Street). On peut les trouver sur You Tube, Vimeo, et les autres sites similaires. Ces images font froid dans le dos : des centaines de policiers casqués évacuent avec brutalité des gens pour la plupart non-violents. Cela fait penser au Chili, à l'Argentine, à la Grèce au temps des dictatures. Que faisaient ces gens ? ils protestaient pacifiquement contre la toute puissance de la finance et les injustices de plus en plus insupportables provoquées par les excès de celle-ci. Une intervention aussi musclée montre clairement la collusion entre les autorités de la ville et ladite finance, qui ne pouvaient tolérer cette modeste remise en question de leurs privilèges exorbitants. Cela en dit long sur notre système de valeurs, et la sacro-sainte liberté d'expression américaine prend un coup de matraque sur la tête.

samedi 19 novembre 2011

Salades vertes et roses

Les séries TV semblent avoir de plus en plus d’influence sur la politique, où les échanges sur un sujet entre les partis se déroulent en plusieurs épisodes. La dernière illustration de ce phénomène est évidemment l’accord-désaccord entre les Verts et le P.S. mettant en jeu le nucléaire. La série de déclarations faites tout au long de la semaine par les uns et les autres nous laisse aussi perplexes que certains épisodes de LOST. L’impression que l’on en retire est d’avoir assisté néanmoins à des manœuvres de politicaillerie pitoyables, où ceux qui se voient déjà aux affaires se disputent et se répartissent les places (on échange des circonscriptions contre des centrales, selon la formule de Nathalie Kosciusko-Morizet). Attention à ne pas commettre la même erreur que Lionel Jospin, et à affronter les élections dans l’ordre : premier tour et second tour de la présidentielle, et ensuite les législatives, et pas le contraire.

vendredi 18 novembre 2011

Un magot de 602 millions

Si vous possédez encore des francs sous votre matelas, vous avez jusqu'au 17 février 2012 pour les échanger. Après, il sera trop tard. En 2010, les Français possédaient encore l'équivalent de 602 millions d'euros en francs. Si personne ne rapporte ces francs, la Banque de France inscrira donc ces 602 millions à son actif. C'était notre rubrique "comment gagner de l'argent en dormant".

mercredi 16 novembre 2011

Parachutistes électoraux

Paris vaut bien un saut en parachute. Il y a quelque temps, François Fillon annonçait son parachutage à Paris, aussitôt contesté par l’ancienne parachutée Rachida Dati, qui a donc la mémoire courte. Aujourd’hui, on annonce le saut prochain sur la capitale de Cécile Duflot, suite à l’accord laborieux passé entre le PS et les Verts. Ce qui énerve prodigieusement Bertrand Delanoë, qui veut faire de Anne Hidalgo sa dauphine officielle, dans la grande tradition de la monarchie républicaine ; apparemment, il n’y a pas la place pour deux femmes de gauche à Paris.
À La Rochelle, on annonce le prochain parachutage de Ségolène Royal, ce qui provoque aussitôt une levée de fourches des indigènes. Le PS se défend en disant que cette circonscription est réservée à une femme (parité oblige), ce qui ne trompe personne. C’était le prix à payer pour le soutien de la dame à François Hollande avant le second tour des primaires socialistes.
À gauche ou à droite, on se chamaille donc déjà pour l’après-présidentielle, en oubliant les petits soucis quotidiens : la crise de la dette, la croissance en berne, le chômage persistant... À tous ceux et celles qui ont ce curieux sens des priorités, rappelons que dans parachute il y a chute, et que rien n’est jamais joué d’avance ; les misères actuelles de François Hollande sont là pour le démontrer.

samedi 12 novembre 2011

L'avènement des comptables

Il est intéressant de noter que les sorties de crise semblent se faire de la même façon en Grèce et en Italie : par la nomination d’un gouvernement de technocrates, c’est-à-dire de gens compétents mais sans dimension ou stature politique. Des gestionnaires sans charisme, sans vision, qui contribueront sans doute à améliorer les choses, mais qui n’entraîneront pas les peuples à se dépasser pour surmonter durablement les difficultés. Il n’y a plus de Churchill, de De Gaulle, de Roosevelt. Une époque livrée à la finance ne produit plus que des comptables pour s’occuper des affaires publiques.

vendredi 11 novembre 2011

Le jour des nombres premiers

Le chiffre 2 est un nombre premier. Le 11 aussi. Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 ou par eux-mêmes. 2, 3, 5, 7, 11, 13 sont des nombres premiers. À l’heure où l’on célèbre le 11 novembre 2011 (11-11-11), pour les raisons que l’on sait, on pourrait aussi célébrer aujourd’hui la fête de l’individualisme, puisque ces nombres refusent d’avoir quelques rapports que ce soient avec les autres nombres, à part le 1. une illustration mathématique de l’époque du chacun pour soi, du moi d’abord, de l’indifférence aux autres, du recul de la politesse de base et du savoir vivre ensemble. Ceux qui ont donné leur vie sur les champs de bataille étaient sans doute moins égoïstes, plus solidaires, avaient plus le sens des autres. On peut célébrer leur mémoire en pensant que les générations précédentes ont connu des temps autrement plus durs que les nôtres. Il ne s’agit pas de nier les difficultés actuelles ; il s’agit simplement de les relativiser.

jeudi 10 novembre 2011

Les marchés font de la politique

Beaucoup s'offusquent de la puissance des marchés financiers dans les décisions de politique européenne. Démission forcée de monsieur Papandréou en Grèce, démission à venir de Silvio Berlusconi en Italie. Mais on peut estimer que ces deux départs sont plutôt une bonne chose. Georges Papandréou a été incapable d'appliquer les réformes nécessaires en Grèce. Silvio Berlusconi se révèle aussi incapable de réformer l'Italie, et a perdu toute crédibilité suite à ses frasques extra-politiques. Les marchés forcent les politiques à prendre des décisions qu'ils auraient dû mettre en œuvre il y a longtemps. La Bourse corrige donc la lâcheté ou l'incompétence des politiques, et les pousse à agir vite. Faut-il s'en plaindre ? Je ne le pense pas. Si des décisions fermes et courageuses avaient été prises il y a dix-huit mois, la crise serait moins grave aujourd'hui. C'est là le message des marchés : mettez votre maison en ordre avant qu'il ne soit trop tard, et tout retard dans les décisions ne fait qu'aggraver la situation. Du simple bon sens, hors de toute manœuvre politique (voir les pitoyables tractations en Grèce pour former un nouveau gouvernement).

dimanche 6 novembre 2011

Rapprochement

D'un côté, vous avez les journalistes de Charlie Hebdo, momentanément hébergés par Libération, qui cherchent en urgence des locaux pour continuer la publication de leur hebdomadaire. D'un autre côté, vous avez DSK, tout seul dans son grand appartement de la place des Vosges, et qui paraît-il s'ennuie beaucoup. Pourquoi n'accueillerait-il pas ces journalistes SDF ? Il aurait des distractions, et sans doute des discussions animées et enrichissantes avec l'équipe. Il pourrait même tenir une rubrique "Économie". Une idée à creuser ?

Mars en novembre

Il y a quelques jours, les « cosmonautes » qui avaient accepté de s’enfermer dans un espace clos en Russie pour simuler un voyage aller-retour sur la planète Mars ont mis fin à leur expérience, après 520 jours d’isolation relative. On a pu noter leur bonne forme physique et mentale. Mais posons une question naïvement iconoclaste : à quoi cela sert-il d’envoyer des hommes sur Mars ? Il y a quelques années, la mission Pathfinder nous avait déjà permis de découvrir d’extraordinaires photos de la planète rouge, et d'obtenir une foule de données scientifiques. Plutôt que d’envoyer des hommes sur Mars, pourquoi ne pas multiplier les missions Pathfinder, dans la mesure où l’on sait que la vie humaine sur Mars n’est pas possible (à moins d’envisager des équipements et une logistique qui mobiliseraient des ressources hors de portée de nos pays endettés, et qui serait alors une pure folie, compte tenu des problèmes immenses qui restent à résoudre sur notre planète bleue). Autre question : à quoi cela a-t-il servi d’envoyer des hommes sur la Lune, à part le fait pour les USA d’avoir gagné le concours de la virilité spatiale face à l’URSS ? La vie n’est pas possible sur la Lune, qui est une banlieue de la Terre. Pourquoi aller sur Mars, qui pose des défis à la limite de l’insurmontable ? Ne pourrait-on pas se fixer d’autres défis plus utiles à l’humanité, comme la fusion nucléaire ou la pile à hydrogène, deux sources d’énergie très prometteuses et non-polluantes ? A-t-on vraiment les moyens de gaspiller des milliards de dollars ou d’euros dans des aventures sans lendemains ? C’était notre réflexion du dimanche.

Vous reprendrez bien un peu de rigueur ?

Dans le raisonnement, dans les affaires, dans l’exercice d’une activité quelconque, faire preuve de rigueur est plutôt une qualité. Qui pourrait blâmer quelqu’un de rigoureux dans son métier ? Et pourtant, en politique, le mot est entaché d’une forte charge négative. Il est devenu synonyme d’austérité, de vaches maigres, de serrage de ceinture, de soupe à la grimace. Les nouvelles mesures qui seront annoncées demain par le Premier ministre entrent dans ce cadre. Relèvement du taux réduit de TVA, économies budgétaires supplémentaires, et peut-être une nouvelle journée de solidarité, qui serait appelée « journée de compétitivité » (les communicants crétins ont encore frappé). Une fois de plus, on attend aussi une lutte sévère contre les gaspillages et gabegies de toute nature détaillés chaque année par la Cour des comptes, et qui deviennent de plus en plus odieux et insupportables au fur et à mesure que les difficultés s’accumulent. On attend et... rien ne vient. Pas de volonté de rigueur dans la gestion de l’argent public, là où elle serait la plus nécessaire et la mieux acceptée par tous. Cette rigueur annoncée est en toc. Toutes les mesures récentes prises ne sont que des rafistolages, des économies de bouts de ficelles, des mesurettes cosmétiques qui ne sont pas à la hauteur des problèmes immenses à régler. On attend de la rigueur et de la volonté ferme dans l’action. On les cherche. On ne les trouve pas.

Chevènement fait l'événement

Rassurez-vous, le titre est ironique. Le vieux lion de Belfort est donc à nouveau candidat à la présidence de la République. Il propose « la croissance plutôt que la récession, la souveraineté nationale dans le fédéralisme européen (?) », et il veut tout simplement « mettre la Gauche à la hauteur des défis qui sont devant nous, et remettre d’aplomb la République ». Ça va les chevilles ? Sans trop de moyens, sans beaucoup de soutiens, notre Don Quichotte de gauche va donc partir en campagne, et amputer le candidat PS de quelques pour cents de voix au premier tour. On l’avait accusé d’avoir contribué à faire perdre Jospin en 2002. Du côté des Verts, un accord avec le PS sera difficile, compte tenu de leur rigidité à propos de l’abandon du nucléaire. François Hollande devrait donc se méfier : malgré la couleur rose des sondages actuels le concernant, rien n’est joué pour 2012, et la candidature du « Che » n’est pas une bonne nouvelle.

dimanche 30 octobre 2011

Quelle heure est-il, Mme Persil ?

Pour la 35e fois depuis 1976, nous changeons d’heure. Instaurée en parallèle de l’impérissable slogan « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées », en réaction à la crise pétrolière de 1974, cette mesure est censée nous faire économiser de l’énergie. L’homme s’est donc affranchi du rythme naturel du jour, le soleil n’est plus jamais au milieu du ciel à midi, sauf en Angleterre en hiver. L’Angleterre est à l’heure de Greenwich de fin octobre à fin mars, à Greenwich + 1 en été, ce qui est naturel puisque le méridien passe plus ou moins au milieu du pays. La France est à Greenwich + 1 en hiver, Greenwich + 2 en été (le méridien passe un peu à l’ouest du Havre, à l’est de Bordeaux, et du côté de Tarbes). Greenwich + 2, c’est l’heure du méridien de Berlin, imposée à la France durant l’Occupation. En 1945, le gouvernement français instaura l’heure légale à Greenwich + 1, un compromis entre l’heure « naturelle » de notre fuseau horaire (Greenwich) et l’heure allemande. En été, nous sommes donc décalés de 2 heures par rapport au soleil, et plus personne en France ne voit midi à sa porte avec le soleil au milieu du ciel. L’homme décide donc de son heure, au mépris de la nature. Cette arrogance est un signe des temps, celui d’une espèce qui veut commander au reste du monde vivant, au rythme naturel des choses. Un dîner en été sous les étoiles n’est plus possible avant 23 heures, ce qui nuit un peu à la poésie si l’on doit se lever aux aurores le lendemain, compétitivité internationale oblige. Il n’est jamais bon de se couper de la nature ; chassez-la, elle revient au galop, et vous la prenez en pleine figure. Il y aurait des façons plus naturelles d’économiser l’énergie, éteindre les téléviseurs que personne ne regarde, ne pas prendre la voiture pour faire 500 mètres, ne pas laisser des vitrines allumées toute la nuit, devant lesquelles aucun chaland ne passe... Mais comme toujours dans les activités humaines, il faut d’abord aller au bout de l’excès avant de revenir à la raison.

jeudi 27 octobre 2011

L'Europe, de la Chine au Brésil

La vision du Général se révèle aujourd'hui un peu étriquée (L'Europe, de l'Atlantique à l'Oural). Parmi les dispositions de l’accord européen d’hier (qui ne règle rien définitivement, mais depuis le succès des séries TV, nous avons pris l’habitude des histoires racontées en plusieurs épisodes) figure la participation éventuelle des pays émergents au sauvetage, et principalement la Chine et le Brésil. Aujourd’hui les économies des grandes régions du monde sont interconnectées, et personne n’a envie de voir l’Europe s’enfoncer dans une crise sévère, ce qui aurait un impact douloureux sur les exportations des autres pays. Le monde entier a donc intérêt à voir l’Europe résoudre ses problèmes, et en particulier la Chine, dont l’Europe est le 1er partenaire commercial, devant les USA. Les bonnes âmes poussent aussitôt des cris d’orfraie à l’idée que l’Empire du Milieu demande des contreparties (sourdine mise à propos des droits de l’homme, des libertés civiles, des quotas d’exportations...) Avant de donner des leçons, rappelons que nous avons soutenu pendant de nombreuses années (droite et gauche) de grands démocrates comme Hosni Moubarak, Zine el-Abidine Ben Ali, Hassan II et... Mouammar Kadhafi. Les critères aujourd’hui sont clairs, ce sont les mêmes qu’hier : ceux qui ont les poches pleines dictent la marche à suivre, l’Allemagne dans la zone euro, et les grands émergents à l’extérieur. N’espérez pas qu’ils se montrent altruistes. Les grands pays occidentaux ne l’ont pas été quand ils menaient le monde ; pourquoi ces « nouveaux maître de l'économie » le seraient-ils ?

mardi 25 octobre 2011

Effets de style

Les lunettes de soleil grotesques viennent de perdre un grand supporter avec la mort de Mouammar Kadhafi. Heureusement, il reste Bono et Kim Jong-il.

Printemps arabe, automne islamiste ? (2)

La Libye est donc libérée. Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil National de Transition, l'a proclamé. Il a aussi déclaré que le pays serait désormais régi selon la charia, la loi fondamentale islamique. Selon la charia, l'homme a tous les droits sur sa femme ; il peut la répudier. La polygamie est permise, sans limites. Une femme adultère peut être lapidée. Une personne qui a bu de l'alcool peut recevoir des coups de fouets. La même peine s'applique aux relations sexuelles hors mariage. Les voleurs peuvent être amputés de leur main. Ceux qui défendaient les dictatures des pays arabes disaient que c'étaient des remparts contre l'islamisme radical, qui serait un régime bien pire. Il serait vraiment consternant qu'ils aient bientôt raison.

Printemps arabe, automne islamiste ?

La Tunisie a donc connu ses premières élections libres (aux dires de tous les observateurs). Le parti islamiste Ennahda semble arriver en tête, avec jusqu’à 40% des voix (les résultats ne sont pas encore définitifs). Les femmes et les démocrates s’inquiètent pour les libertés fondamentales. Mais qui a porté en tête ces islamistes, sinon ceux qui ont voté ? Là est le paradoxe de la démocratie. Ceux qui ont chassé un dictateur au prix de morts et de sacrifices iraient se mettre volontairement sous le joug islamiste ? Quel que soit le pays, quand la religion s’entremêle à l’État, la liberté n’est pas là. Souhaitons aux Tunisiens de se libérer de toutes les emprises.

dimanche 23 octobre 2011

L'Europe des illusionnistes

Malgré la cacophonie et l’incohérence habituelles de la communication des dirigeants européens, ce qui se prépare est assez clair : d’un côté, la Grèce fait défaut sur sa dette pour environ 50%, ce qui entraîne de grosses pertes pour les banques qui la détiennent. D’un autre côté, on recapitalise ces mêmes banques pour leur permettre de supporter le choc, avec environ une centaine de milliards. De l’argent privé est donc perdu, remplacé par de l’argent public. Une fois de plus, les contribuables paient pour les erreurs et les folies des banquiers, pour leur permettre de continuer à payer des salaires sans aucun rapport avec la richesse réelle produite et de verser d’extravagants bonus. Et pour faire « avaler » le stratagème, on dramatise à l’excès les péripéties des tractations, pour faire peur à tout le monde, parce que la peur annihile le jugement. Il est évident qu’une solution sera trouvée mercredi prochain, tout simplement parce que le dirigeant qui serait vu comme responsable de l’échec peut dire adieu à la suite de sa carrière politique. Ces mesures pour venir au secours d’un secteur bancaire qui produit essentiellement des profits pour lui-même et des crises pour tous les autres doivent être accompagnées d’une régulation beaucoup plus stricte : c’est l’intention des gouvernements. Mais souvent l’intention se perd dans les méandres des dispositions réelles prévues par les accords. Le diable est dans les détails, c’est bien connu.

samedi 22 octobre 2011

La Mercenault, haut de gamme automobile

Renault annonce un partenariat avec Mercedes pour concevoir et construire des modèles réellement haut de gamme. Au pays des pionniers de l’automobile, des Delahaye, Delage, Léon Bollée, Bugatti, l’un des deux principaux constructeurs français n’est pas capable de proposer des équivalents à BMW, Audi et Mercedes. Au-delà de ce fait, il semble que le modèle allemand soit devenu la référence absolue en France. Fiscalité : faisons comme les Allemands ! Industrie : pareil ! PME : même chose ! Automobile : idem ! Espérons seulement que, dans le domaine de l’humour et de la cuisine, nous continuerons à faire chambre à part.

vendredi 21 octobre 2011

La société de toutes les brutalités

Prenez la Bourse : il y a 15 ans, les mouvements à la hausse ou à la baisse dépassaient rarement 1,5 à 2 % en une journée. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des ajustements soudains et brutaux de 4 à 5 % d’un jour sur l’autre. Prenez la météo : on peut perdre ou gagner aujourd’hui 10 à 15°C en une journée, par rapport à la veille ; ces variations se font de plus en plus fréquentes. Les intempéries elles-mêmes (orages, pluies, grêle...) surviennent de façon plus brutale qu’avant. Prenez les rumeurs : l’annonce d’un projet de suppression d’un mois de vacances d’été sur les réseaux sociaux a instantanément mobilisé les lycéens, qui ont manifesté avec force et dégâts, avant qu’un démenti très ferme ne les calme aussi vite qu’ils s’étaient énervés. Prenez l’entreprise : l’agressivité est encouragée, sous prétexte de compétitivité (a priori, quelqu’un d’aimable ne serait pas compétitif ; une récente étude américaine démontre que les hommes désagréables sont mieux rémunérés que les autres. Ce n’est pas le cas pour les femmes*). Les décisions de fermeture de sites et de licenciements sont annoncés sans ménagement, ce qui entraîne immédiatement la séquestration des directeurs. Prenez les enseignants, qui font cours devant des élèves qui écoutent plus leurs portables que leurs professeurs, et qui se font casser la figure par les parents dont ils ont sanctionné les enfants. La brutalité tous azimuts s’installe, se banalise. L’évolution classique des sociétés est la suivante : barbarie > évolution > civilisation > apothéose > décadence > barbarie. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Décadence ? Retour à la barbarie ?

* http://www.letemps.ch/Page/Uuid/cdc959a2-fb2a-11e0-8123-9c628a310ec4|0

mercredi 19 octobre 2011

1,3 milliard de non-branchés

Dans votre appartement, vous avez sans doute un téléviseur, un four à micro-ondes, un lave-vaisselle, une machine à laver, un ordinateur, une radio ou deux... Ce confort si banal peut nous faire oublier que sur notre planète bleue, 1,3 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, et 2,7 milliards n’ont rien d’autre qu’un feu pour cuisiner. Ces personnes ne peuvent pas recharger leur smartphone à la prise la plus proche, ni réchauffer un plat cuisiné au micro-ondes (qu’ils ne pourraient de toute façon pas s’offrir). Avec l’austérité qui s’annonce, il est peut-être salutaire de réfléchir deux minutes à notre degré de confort réel, à notre richesse collective vis-à-vis de milliards de personnes qui ont des soucis quotidiens plus pressants. Le dernier rapport de l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), à paraître le 9 novembre, nous rappelle tout cela, et remet beaucoup de choses en perspective.

(http://www.worldenergyoutlook.org/)

mardi 18 octobre 2011

Dennis Ritchie, pour mémoire

Vous connaissez Dennis Ritchie ? Sans doute non. C'était le co-créateur du langage informatique UNIX, sur lequel sont fondés Mac OS et Linux. Il a eu la malchance de mourir juste après Steve Jobs, dans l'indifférence générale. Il faisait partie de ces vrais génies de l'informatique, comme François Gernelle, le véritable inventeur du micro-ordinateur. Un article du Point.fr rend justice à Dennis Ritchie.

http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/dennis-ritchie-l-autre-genie-mort-en-octobre-2011-17-10-2011-1385493_47.php

Il ne lui manquait que la parole

Le nouvel iPhone 4S possède donc un système de reconnaissance vocale, ce qui offre deux avantages décisifs :
— le fait de pouvoir exaspérer encore un peu plus vos voisins dans un endroit public, qui sont déjà au courant des moindres détails de votre vie intime,
— et le fait de pouvoir désormais parler à son téléphone comme on parle à son chat ou à son chien. Espérons que ce système soit très vite étendu aux Macs et à l'iPad, ce qui permettra de se passer de ses amis en chair et en os et de mener une nouvelle vie idéale entouré de tous ses amis numériques, qui sont toujours d'humeur égale, toujours d'accord avec vous et vous obéissent sans état d'âme. Une vie de rêve.

lundi 17 octobre 2011

Retour vers le passé

François s'avance, une rose rouge à la main. Il se recueille, et jette la rose rouge à la Seine.* Non, nous ne sommes pas en 1981, et il ne s'agit pas de Mitterrand. Nous sommes en 2011, et il s'agit de François Hollande. Évoquer une "geste" d'il y a 30 ans pour apporter des solutions aux problèmes de 2011 n'incline pas à l'optimisme. Mieux vaudrait vivre dans le présent et tenter d'apporter des solutions neuves ; on ne conduit pas une voiture en regardant tout le temps dans le rétroviseur. Les Socialistes ont quelques mois pour s'apercevoir qu'ils sont au 21e siècle. Espérons une rapide mise à jour.
*François Hollande commémorait le cinquantenaire de la manifestation des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, brutalement réprimée par la police.

P.S. (post-scriptum)

Les jeux sont faits, François a gagné, Martine a perdu, mais tout va bien, tout le monde sourit sur la photo, même les éliminés du premier tour. Chacun a exposé son programme, défini ses objectifs, allant de la réalité au rêve. Il y a cependant une chose dont personne n'a parlé, qui ne figure dans aucun plan d'action : la suppression des dépenses inutiles et la chasse aux gaspillages et gabegies en tout genre qui se sont accumulés depuis 30 ans. Il suffit de lire le dernier numéro du Point pour être plongé dans l'horreur : mauvaise gestion, désinvolture budgétaire, dépenses excessives et improductives à tous les étages, sur tout le territoire. L'État est un gigantesque Pacman qui dévore nos euros de façon vorace, sans se préoccuper de la pertinence des dépenses, sans rendre de comptes à qui que se soit. À l'heure des efforts et du désendettement, cette gabegie est insupportable. Il serait temps de s'en indigner, et de le manifester. Le moment est favorable, parce que le temps des urnes se rapproche.

mercredi 12 octobre 2011

Très mauvaise impression

Pour le 4e jour consécutif, "Le Monde" est absent des kiosques. Cette non-parution est due à la grève des personnels de l'imprimerie, pour s'opposer à la restructuration d'un centre d'impression qui ne cesse de perdre de l'argent. Je l'ai déjà écrit, je le redis : le Syndicat du Livre CGT est le grand fossoyeur de la presse en France, avec son aveuglement et son jusqu'auboutisme forcené. La bonne nouvelle étant que, quand ces gens-là seront tous à Pôle Emploi, ils ne pourront plus faire grève.

Le géant slovaque

La Slovaquie, pays de 5,5 millions d’habitants, au PIB annuel de 90 milliards d’euros (à peu près le déficit de la France cette année) et qui contribue au FESF* à hauteur de 1%, vient de dire non à l’évolution de ce fonds pour permettre de régler la crise des dettes souveraines européennes. Ce non bloque complètement le processus, déjà accepté par les 16 autres pays de la zone euro, puisque celui-ci requiert l’unanimité. Dans le même temps, l’UE vient d’accorder à la Serbie le statut de « candidat », c’est-à-dire de futur membre. Sans doute pour se garantir une réserve sans fin de conflits et d’obstructions dans l’avenir. La remarque d’un diplomate européen (l’Europe n’a pas de voisins, elle n’a que des futurs membres) s’avère plus vraie chaque jour. Avant de grossir sans cesse, il vaudrait mieux modifier d’abord cette loi de l’unanimité qui est déjà intenable, à 17 ou à 27. Mais le bon sens n’est pas la valeur la plus en vogue en Europe ces jours-ci.
P.S. Le non slovaque résulte d’un jeu politicien pratiqué par un petit parti de la coalition actuellement au pouvoir. Un nouveau vote est possible, un oui est probable avec un changement d’alliance. Encore une fois, l’intérêt général compte pour du beurre.
*FESF : Fonds Européen de Stabilité Financière.

Tout se complique

Au commencement en France, les choses étaient simples : il y avait la Droite et la Gauche. Ensuite est venu le Centre, qui s'est rapidement décomposé en Centre droit et Centre gauche, pendant que l'extrême-Droite et l'extrême-Gauche s'installaient. La Droite s'est ensuite rassemblée, pour mieux se subdiviser en Droite populaire, Droite rurale, Droite sociale, Droite centriste, Droite chrétienne et maintenant Droite humaniste. Vous suivez toujours ? L'autre camp n'est pas en reste : il y a maintenant la Gauche molle et la Gauche dure, uniquement à l'intérieur du PS, cela ne concerne pas le Parti de Gauche de monsieur Mélenchon, qui est à gauche de la Gauche classique mais légèrement à droite de l'extrême-Gauche. Si vous n'êtes pas au moins Bac + 5, vous aurez du mal à y voir clair pour 2012.

mardi 11 octobre 2011

À la lettre

Au temps des e-mails, des sms, de Twitter et du tout-Internet, il est amusant de voir une lettre causer autant d'émoi. Une lettre ! Cette missive envoyée par le "troisième homme" des primaires du PS est une véritable mise en demeure vis-à-vis des deux candidats sélectionnés pour le second tour. Ceux-ci ne peuvent évidemment pas y répondre totalement, sauf à se renier et à tromper les électeurs qui ont voté pour eux. Dilemme intéressant à suivre cette semaine.

La Rentrée n'était pas de sortie

Le mot d’ordre de mobilisation syndicale n’a pas fait recette aujourd’hui, la « Rentrée sociale » digne de ce nom est reportée à une date ultérieure. Le mot d’ordre était trop vague, les syndicats désunis, l’élan n’est pas là. Un coup pour rien. Attendons la grève d’Air France, prévue évidemment au moment des départs des vacances de la Toussaint.

L'Europe compte

Quand l’Europe est en crise, elle inquiète la planète. Barack Obama la presse de régler ses problèmes (qui sont nés aux USA, avec les subprimes). Les Chinois l’assurent de leur soutien, ainsi que les Brésiliens. Les pays du Golfe veulent aider. La bonne nouvelle de tout cela, c’est donc que l’Europe compte encore dans le monde, et qu’on ne peut pas se passer d’elle. Les 27 pays de l’UE réunis représentent toujours le 1er PIB mondial (25,85% du total en 2010, 23,13% pour les USA*), et la déclaration Sarkozy-Merkel de dimanche, bien que creuse, a suffi à rassurer l’Asie, dont les marchés sont en hausse ce matin. Imaginez l’Europe si les décisions se prenaient rapidement, s’il y avait un véritable gouvernement économique, une politique commune cohérente... Cela représenterait une puissance formidable, capable de relever tous les défis de la mondialisation, plutôt que de rêver à un impossible retour en arrière. Une grande partie de la crise ne tient qu’à la médiocrité des dirigeants européens, à la cacophonie de leurs déclarations, à leurs divergences, à une absence de vision claire pour le présent et l’avenir, en un mot : à la désunion européenne. Le cœur du problème est là. Le G20 se tient à Cannes dans 3 semaines. Peut-on espérer un sursaut ? Des décisions fortes ? Le temps des molles déclarations de principe n’a plus cours.
*Source : Banque mondiale.

lundi 10 octobre 2011

Excellente réunion

Le résultat de la dernière réunion hier 9 octobre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel peut se résumer à ceci : ils se sont mis d'accord pour déclarer qu'ils sont d'accord sur le principe d'une recapitalisation des banques européennes. Reste à régler les "détails", c'est-à-dire tout. L'Europe a encore fait un grand pas en avant hier.

vendredi 7 octobre 2011

Éloge du Stevisme

S’il y avait sur la planète aujourd’hui 200 Steve Jobs, le capitalisme n’aurait aucun problème. Deux cents entrepreneurs visionnaires, intransigeants, charismatiques, capables d’offrir au public des produits qui sont des gratifications (simples d’usage, beaux, utiles), qui deviennent instantanément irrésistibles et qui redéfinissent à chaque fois les marchés qu’ils investissent (l’informatique personnelle, la musique, la téléphonie...) Deux cents chefs d’entreprises exceptionnels répartis dans les principaux secteurs de l’économie. Imaginez les magnétoscopes avec un Steve Jobs : tout le monde aurait su s’en servir, et ils auraient ressemblé à autre chose qu’aux boîtes banales logées sous les téléviseurs (bonne nouvelle : ils sont en voie de disparition). Imaginez l’électroménager avec un Steve Jobs : les machines à laver, les lave-vaisselle, les aspirateurs seraient des objets de désir. Tout se vendrait à des millions d’exemplaires, et les gens feraient la queue toute une nuit devant chez Darty ou Boulanger !
Mais l’émotion mondiale suscitée par son décès montre justement que c’était quelqu’un d’exceptionnel, et donc rare. Le fabuleux succès d’Apple est là pour le démontrer, avec une création d’image et de richesse sans équivalent (2e capitalisation mondiale derrière Exxon).
Que peut-on accomplir dans une vie ? Si l’on est banquier, on « fourgue » des crédits à des gens insolvables, on provoque une crise mondiale et on jette à la rue des millions de gens par expulsion de leur maison ou par chômage, tout en encaissant des bonus obscènes. On est renfloué par de l’argent public, et deux ans après on recommence. Si l’on est un grand patron, on mène son entreprise au bord du désastre par excès de mégalomanie (ou même escroquerie) et on la quitte avec une confortable retraite chapeau. Si l’on est un politique, on intrigue pour être élu, on intrigue pour être réélu, et entretemps on se révèle incapable de faire ce que l’on a promis à ces benêts que sont les électeurs. Si l'on est Steve Jobs, on bâtit une entreprise qui propose à des millions de gens des objets intelligents, remarquablement conçus, les plus beaux de leurs marchés respectifs, avec lesquels on a plaisir à vivre et à travailler.
Quelle vie préfèreriez-vous mener ? Quels sont les principes qui vous guident ? Il n’y a pas de meilleure illustration à propos de ce choix que le discours prononcé par Steve Jobs en 2005 devant les nouveaux diplômés de l’université de Stanford, en Californie. Un discours sincère, émouvant, très intime. La fameuse formule finale (Stay hungry, stay foolish) a comme d’habitude été traduite n’importe comment par la presse française (Soyez insatiables, soyez fous). Il faudrait plutôt dire : Restez affamé, restez insensé. À rapprocher de l'expression habituelle de Steve pour apprécier un bon produit : it’s insanely great ! (c’est démentiellement génial). Ci-dessous, le lien pour voir (et écouter) le discours, en V.O. et V.O. sous-titrée.

http://news.stanford.edu/news/2005/june15/videos/53.html

http://www.dailymotion.com/video/x5m47b_vostfr-steve-jobs-stanford-commenc_news

mercredi 5 octobre 2011

La vraie rentrée

Le signe le plus sûr que "la Rentrée" est vraiment officielle, ce sont évidemment les manifestations. Celle des enseignants vient d'avoir lieu. Fidèle à la tradition, la maison Chérèque & Thibault et leurs partenaires nous annoncent une grande journée d'action pour le mardi 11 octobre. Fidèle à sa tradition, le dissident Mailly n'y participera pas, réservant sa force ouvrière à d'autres combats plus appropriés, selon lui. Quels sont les effets de ces manifestations ? Faibles, a priori, voire inexistants. Mais il faut bien "faire quelque chose", disent les syndicats. Pour les Parisiens, il y aura un effet certain mardi prochain : foutoir et embouteillages une bonne partie de la journée. Bon courage.

Présidentielle : tiens, pourquoi pas moi ?

Jean-Louis Borloo s'est retiré de la course, avec sincérité et responsabilité. Mais Corinne Lepage se déclare. Christine Boutin y va. Hervé Morin a très envie. Ces gens-là n'ont évidemment aucune chance d'être élus, et cela n'a pas d'importance : sous couvert de discours sur leurs "valeurs", il s'agit d'ego et de vanité plus que de volonté de servir le pays. La Présidentielle est l'élection majeure en France ; ce n'est pas un concours de beauté, et on n'y va pas comme on va chez le coiffeur. Il serait bon que ces électrons libres redescendent sur terre et fassent preuve d'un peu de décence, a fortiori face aux enjeux économiques et sociaux déterminants de 2012.

Pomme de discorde

Les Applemaniaques sont déçus. Le dernier iPhone n'est pas un numéro 5, mais un numéro 4 amélioré (traduction : ils ne pourront pas frimer avec dans les mains un modèle visiblement différent du précédent, "moi je l'ai et pas vous !"). Il n'y a aucune révolution, mais ça ne fait rien : comme à chaque fois qu'Apple éternue, les médias y vont de leurs cohortes d'articles et de commentaires qui représentent des sommes faramineuses en équivalent publicitaire, abusés (hypnotisés ?) par le talent marketing de la machiavélique Pomme. D'après tous les tests que j'ai lus, le Samsung Galaxy SII est bien meilleur que l'iPhone. Mais ça ne fait rien. Un iPhone, sinon rien ! Les mêmes qui ont ce comportement de lemmings se déclareront publiphobes et insensibles à la publicité dans de prochains sondages. Pendant ce temps, à Cupertino, on engrange les bénéfices, avec un sourire large... comme une banane.
(P.S. Je ne suis pas anti-Apple, loin de là : j'utilise un MacBook Pro 17" et j'admire la beauté et la simplicité d'usage des produits. Mais j'aime bien aussi pratiquer la lucidité).

lundi 3 octobre 2011

Borloo jette l'éponge

Donc, le capitaine Borloo n’ira pas à la bataille. Manque de troupes, manque de soutiens. C’est peut-être son ange gardien qui lui a soufflé cette sage décision (oui, les anges existent, c’est officiel, après la déclaration solennelle faite hier par Benoît XVI). Dans sa forteresse de l’Élysée, le général Sarkozy, ce Bonaparte de Neuilly, jubile : il ne devrait pas être trop difficile de récupérer le grand enfant prodigue. Au centre, par contre, on fait grise mine. On se retrouve un peu démuni, et ce n’est pas le lieutenant Morin, un peu falot, qui sera capable de reprendre le flambeau. Au centre du centre, le commandant Bayrou doit se frotter les mains, le terrain se dégage, une éclaircie se profile, sa cote va remonter. À gauche, il serait bon de commencer à se méfier : la candidature unique à droite se profile, ce qui contribue à agiter l’abominable spectre du 21 avril 2002 (pour ceux qui étaient en hibernation à l’époque : pas de Gauche au second tour). Les sondeurs doivent en ce moment-même nous sonder à tour de bras, pour nous annoncer officiellement ce que pensent les Français (c’est-à-dire nous) de cette nouvelle configuration.
Morale de l’histoire : rien n’est jamais joué tant que les jeux ne sont pas faits.

dimanche 2 octobre 2011

La morale et la modestie, valeurs en hausse ?

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy a déclaré que la droite « perdrait avec dignité » la présidence du Sénat, en évitant les tractations sordides. Hier, Jean-Pierre Bel, nouveau président PS du Sénat, déclarait vouloir une présidence sous le signe (entre autres) de la modestie. Cette vertu serait la bienvenue au Palais du Luxembourg, compte tenu du train de vie mené par les principaux dirigeants de la Haute Assemblée (mon post « un train de vie de sénateur », ci-dessous). Associée à un peu de frugalité, cette modestie pourrait changer pas mal de choses, si elle est réellement pratiquée. Ces deux faits ne sont bien sûr que deux bouchons de liège dans un océan de cynisme. Mais on peut toujours espérer ; tout n'est pas noir.

samedi 1 octobre 2011

Alain et François

Après la Bérézina au Sénat pour la droite, des voix chuchotent à l'UMP qu'il faudrait peut-être penser à un candidat de substitution éventuel pour la présidentielle de 2012, au cas où. Ces voix avancent souvent le nom d'Alain Juppé. Il est certain que l'homme a l'expérience, l'intelligence, une stature et des qualités qui lui permettraient d'assumer la fonction. Mais il ne sera jamais président de la République, parce qu'il lui manque l'essentiel : l'empathie. Il n'est pas très chaleureux (du moins en public), il ne va pas naturellement vers les gens. Il est réticent à "flatter le cul des vaches", comme Chirac, ou à "prendre la France à bras-le-corps", comme savaient le faire le Général et François Mitterrand. Les Français aiment qu'on les aime, et ils ne confient la fonction suprême qu'a ceux qui ont "payé de leur personne" en manifestant cette empathie. François Hollande l'a bien compris, qui a "labouré" depuis des semaines le territoire et qui se retrouve en tête des sondages pour les Primaires socialistes, après un net retard initial (Nicolas Sarkozy est en train de faire exactement la même chose en ce moment). Aimez-moi et je vous aimerai, semble dire le peuple. L'élection présidentielle est une rencontre entre un homme et un peuple, c'est aussi une rencontre amoureuse.

vendredi 30 septembre 2011

Alain et Dominique

Les gens qui ont déjà tiré un trait sur la carrière politique de DSK devraient se souvenir de l'impopularité massive d'Alain Juppé en 1995 et après. Il semblait alors fini, exilé ensuite au Canada ; il est aujourd'hui extrêmement apprécié par une large majorité de l'opinion en tant que ministre des Affaires étrangères, qui a vite fait oublier les bévues tragiques de madame Alliot-Marie. La grande compétence de DSK en économie pourrait lui offrir un avenir à moyen terme. Les politiques semblent avoir 9 vies, comme les chats.

mercredi 28 septembre 2011

Les femmes parlent, les hommes tremblent

Hélène de Yougoslavie a vu passer des mallettes pleines de billets, qui venaient de Suisse et allaient régler quelques frais de campagne. Claire de Neuilly, la comptable de Liliane, a vu passer des enveloppes pleines de billets, qui étaient remises à certains visiteurs du matin, du midi ou du soir, pour les aider dans leur démarche. Christine de Washington regrette que les banques européennes n’aient pas plus de billets dans leurs fonds propres, et le dit. Les femmes parlent, et les hommes s’agacent, se fâchent, menacent, prennent peur. Dans le même temps, d’autres femmes exigent de supprimer l’infamant « mademoiselle » sur les formulaires. Dommage pour mesdemoiselles Moreau et Deneuve, qui tiennent à cette appellation. Il faudra aussi rebaptiser le parfum de Chanel, « Coco Mademoiselle », en Coco Madame. « Mademoiselle chante le blues », de Patricia Kaas, deviendra « Madame chante le blues ». Si l’on veut préciser que la madame n’est pas âgée, on dira « jeune madame ». Pour ma part, je trouve le terme « mademoiselle » élégant, délicat, charmant, et ce serait dommage de s’en passer, un peu de poésie ne nuit pas. Comme si on rebaptisait la Côte d’Azur la Côte Bleu clair. Bref, il y a des femmes qui parlent et que l’on peut écouter, et d’autres que l’on n’est pas obligé d’entendre.

mardi 27 septembre 2011

La science est une longue histoire

Dans mon post du 23 septembre ("toujours plus vite"), j'ai traité de l'expérience des neutrinos avec légèreté et ironie, volontairement. Mais pour ceux que cette histoire intéresse, je renvoie à un excellent article d'OWNI, très détaillé, qui rappelle en outre que le temps de la science (prouver ce que l'on avance) est considérablement plus long que le temps médiatique, instantané et simplificateur, voire réducteur.

http://owni.fr/2011/09/26/neutrino-tue-einstein-sciences-physique-particule/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+Owni+%28Owni%29

Un train de vie de sénateur

Dans la perspective d'une présidence du Sénat remportée par Jean-Pierre Bel (PS), les parts du gâteau sont en train d'être distribuées entre amis (PC, radicaux, écologistes...). La présidence d'une commission sénatoriale est assortie d'avantages plutôt ouatés, qui ne sont pas à négliger : bureau agréable, voiture de fonction, indemnités supplémentaires... La palme revient aux questeurs (chargés de gérer et d'administrer la Haute assemblée), logés dans de somptueux appartements, et surtout pour le 1er d'entre eux : un hôtel particulier de 450 m2 est mis à sa disposition, ainsi que cinq domestiques : deux cuisiniers, une femme de ménage, une lingère, un maître d'hôtel. Le fait que ce soient des gens de gauche qui occupent bientôt ces locaux ne manque pas de sel. S'il fallait une preuve supplémentaire que la France est bien une monarchie républicaine, vous l'avez.
(Source factuelle : France-Info).

Un peu de correction

À propos du Sénat, le président de la République déclare aujourd'hui qu'il faut savoir "perdre dans la dignité", ce qui tendrait à infirmer mon post d'hier à propos des tractations éventuelles pour sauver le siège de Gérard Larcher. C'est une position qui l'honore, et qui mérite d'être saluée.

lundi 26 septembre 2011

Recherche Barroso, désespérément

Où est passé José Manuel ? Le président de la Commission européenne a disparu des écrans depuis un bon moment déjà. Peut-être est-il toujours en vacances. Peut-être estime-t-il que la situation actuelle de l'UE ne présente aucune inquiétude, et qu'une déclaration n'est pas nécessaire, pas plus qu'une action. Peut-être a-t-il été kidnappé par un groupuscule souverainiste qui voudrait ainsi précipiter la chute de l'euro. Faut-il saisir Interpol et lancer un avis de recherche européen ? D'un autre côté, cette disparition n'a pas l'air d'inquiéter qui que ce soit. Le suspens continue, comme on dit dans les feuilletons.

Le Sénat porte à gauche

Révolution au Luxembourg ! (Le palais, pas le pays). Le PS et ses alliés sont majoritaires. Les ténors de la droite veulent penser que Gérard Larcher conserve des chances d’être réélu président de la Haute assemblée, en bénéficiant de ralliements de certains sénateurs centristes ou radicaux. La semaine qui commence va donc voir des tractations, des arrangements, des pressions, des menaces qui ne vont pas contribuer à embellir l’image de la politique. Résultat samedi 1er octobre, jour de l'élection du président. Si c’est Larcher, les tractations auront payé. Si c’est Jean-Pierre Bel (PS), elles auront échoué.

dimanche 25 septembre 2011

Le pouvoir aux femmes

Le Roi Abdallah d'Arabie saoudite vient d'annoncer que les femmes pourront désormais voter et être élues aux élections municipales. C'est une avancée majeure vers la libéralisation du 1er pays producteur de pétrole au monde. Mais on ne sait pas comment ces femmes vont pouvoir aller voter librement, puisqu'elles n'ont toujours pas le droit de conduire, ni de circuler si elles ne sont pas accompagnées de leur mari ou d'un membre masculin de leur famille. La vie des femmes est toujours aussi sombre au pays de l'or noir.
(Source : AFP, Reuters).

samedi 24 septembre 2011

Vladimir et Dmitri, le chef et le sous-chef

Vladimir et Dmitri, voilà un duo qui fonctionne. Au début, c'était Vladimir le chef, et Dmitri le sous-chef. Mais Vladimir ne pouvait pas s'asseoir 3 fois de suite dans le fauteuil du chef, seulement 2 fois, parce qu'il y avait une petite gène : la Constitution. Alors il s'est entendu avec Dmitri : tu deviens chef, et tu me nommes sous-chef. Comme ça, on ne sera pas séparés, et je pourrai tout diriger à ta place. Tope-la, lui a dit Dmitri. Aussitôt dit, aussitôt fait, les élections au pays de V & D ne sont qu'une formalité. L'année prochaine, la période de Dmitri sera terminée. Que faire ? Une seconde période ? Vladimir a exercé tout son pouvoir de persuasion, qui est grand, pour convaincre Dmitri de lui céder la place de chef. Tope-la, a dit Dmitri avec un sourire crispé. Vladimir, magnanime, a aussitôt dit qu'il nommerait Dmitri sous-chef dès qu'il serait élu. Tout le monde a applaudi.

La démagogie prend l'air

Les imbéciles élus qui protestent depuis quelque temps contre Air France pour avoir commandé à la fois des Airbus et des Boeing, plutôt qu'une commande 100% Airbus, oublient qu'au mois de juillet, American Airlines a passé commande de 260 Airbus. Faut-il donc un Air France 100% Airbus et, dans le même temps, annuler la commande américaine ? Le commerce international n'est pas une voie à sens unique, et le protectionnisme mène au désastre, comme l'a montré la crise des années trente. D'autant plus que dans chaque Boeing il y a des pièces fabriquées par des équipementiers européens, et notamment français (Latécoère, Messier-Bugatti, Zodiac...). Mais il ne faut pas demander à un élu de connaître quoi que ce soit en économie ou en commerce. Sa préoccupation principale est d'être réélu, même au prix de la démagogie.

Report officiel

Suite au refus du satellite américain de s'écraser sur Terre hier, la Journée mondiale du Casque est reportée à aujourd'hui.

vendredi 23 septembre 2011

La bévue norvégienne

Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, va demander aujourd'hui à l'ONU le statut d'État à part entière. Les USA et Israël y sont résolument opposés. La France a tenté de proposer une alternative, sans succès. On peut déplorer l'inaction de Barack Obama, qui n'a rien proposé de tangible depuis plus d'un an. En octobre 2009, le Comité d'Oslo a attribué le Prix Nobel de la Paix à... Barack Obama. Il serait temps que celui-ci le mérite.

En ligne, en paix

La moitié des acheteurs en ligne de produits haut de gamme aux USA et en Europe, et 80% des acheteurs chinois, citent la principale raison pour laquelle ils achètent sur Internet : éviter les vendeurs et vendeuses des boutiques de mode. Un enseignement à en tirer pour les marques ?
(Source : étude Altagamma, l'association des marques de luxe italiennes).

Toujours plus vite

Une expérience conduite par des chercheurs du CNRS à Lyon a montré que des particules très légères, les neutrinos, étaient apparemment capables de se déplacer plus vite que la lumière, ce qui remettrait en cause la célèbre théorie d’Albert Einstein. Si ce fait est vérifié, cela réjouira sans doute tous ceux qui sont bloqués chaque matin et chaque soir dans les embouteillages, ceux qui attendent des trains toujours en retard, ceux qui savent que les déplacements en ville se font à la vitesse moyenne de 8 km/h. Il serait prudent tout de même de vérifier que ces neutrinos, qui sont partis de Suisse pour arriver dans les Apennins, en Italie, avec 20 mètres d’avance sur les photons, ne s’étaient pas dopés. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, disait notre bon Rabelais. De toute façon, tout est relatif, comme disait Albert.

Journée du Casque

En prévision de la chute imminente sur Terre d'un très gros satellite américain, ce vendredi 23 septembre a été décrété Journée mondiale du Casque. Soyez prudent, mettez le vôtre.

jeudi 22 septembre 2011

Ablation du Rhin

Il y a quelque temps, le gouvernement français souhaitait harmoniser le taux de l'impôt sur les sociétés avec l'Allemagne. Aujourd'hui, il souhaite rapprocher les âges respectifs de départ à la retraite dans les deux pays. À force de vouloir tout faire comme nos cousins Germains, pourquoi ne pas se faire tout bonnement racheter par l'Allemagne ? Cela règlerait définitivement la question, et si l'on en tire un bon prix, cela nous permettrait de nous désendetter fortement. Un avantage supplémentaire serait aussi d'échapper aux Chinois ou au Qatar, qui sont en train de racheter de plus en plus de morceaux d'Europe. Apparemment, l'avenir appartient à ceux qui ont les poches pleines. Ce n'est plus notre cas.

Déclaré mort à 23 h 08

Troy Davis, condamné pour le meurtre d’un policier en 1991, a été exécuté vers 23 h hier soir, heure américaine. Depuis 20 ans, il a toujours clamé son innocence. Les preuves présentées lors de son procès étaient assez minces, et sept des neuf témoins qui l’ont accusé se sont ensuite rétractés. Le fait qu’il soit noir et que le policier soit blanc a semblé faire de lui un coupable idéal, dans un état (la Géorgie) typiquement "sudiste". L’Amérique, ce pays très religieux où les billets de banques portent la mention « In God we trust » (nous plaçons notre confiance en Dieu) et où le Président finit chacun de ses discours par « God bless America » (que Dieu bénisse l’Amérique) n’a pas respecté une fois de plus l’un des Dix Commandements des Tables de la Loi : Tu ne tueras point. La liste des pays qui pratiquent encore de nombreuses exécutions capitales n’est pas très glorieuse : la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie, le Pakistan, le Yémen, l’Arabie Saoudite, Cuba, la Chine, entre autres. Albert Einstein disait que les États-Unis étaient le seul pays à être passé directement de la barbarie à la décadence, sans avoir connu la civilisation. La plus grande puissance de la planète veut imposer la démocratie chez les autres (Irak, Afghanistan) mais pratique la barbarie chez elle. Un paradoxe de plus.
(Source factuelle : New York Times).

mercredi 21 septembre 2011

La corruption à la force du poignet

Un internaute chinois, dont le vrai nom serait Daniel Wu, s’est penché attentivement sur les photos de presse des responsables locaux et régionaux lors de manifestations officielles. Il s’est penché plus particulièrement sur les montres que portaient ces responsables à leur poignet. Passionné par les montres de qualité, cet internaute a constaté que ces camarades exhibaient à leur poignet des montres (Piaget, Rolex, Jaeger-Lecoultre...) dont le prix n’était pas en rapport avec leurs rémunérations. Cet internaute a fait part de ses découvertes sur son compte Weibo (le Twitter chinois). Il a été cité en exemple par l’Agence Chine Nouvelle, dans le cadre de la lutte contre la corruption, avant d’être censuré par Weibo, sous la pression des autorités. En Chine, l’heure de « mani pulite » n’est pas encore venue.
(Source : AFP).

mardi 20 septembre 2011

Une affaire peut en chasser une autre

Le grand avantage de cette affaire DSK, c’est qu’on ne parle plus de l’affaire Bettencourt. C’est reposant. On ne devrait plus parler non plus de l’affaire Clearstream, le Parquet ayant renoncé à se pourvoir en cassation. Monsieur de Villepin est donc libre de nous gratifier à nouveau de ses déclarations lyriques et ébouriffées, dans l’intérêt supérieur de notre pays, cela va de soi.

La malédiction de la démocratie

La démocratie, « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres », comme disait Churchill. Le droit à la libre expression pour tous, le suffrage universel, la loi de la majorité. Et c’est là qu’est la faiblesse. Parce que si la majorité est composée d’imbéciles, ce sont eux qui décident. La Grèce annonce un possible référendum sur la sortie de l’euro. Ce n’est pas la peine de l’organiser, on connaît déjà le résultat. Un oui massif pour l’abandon de la monnaie unique, ce qui permettra aux Grecs de continuer à ne pas payer leurs impôts, à pratiquer la corruption tous azimuts et les prébendes de toute nature (dans l’agglomération d’Athènes, 500 piscines sont déclarées ; trois étudiants utilisant Google Earth en ont dénombré 18000). Le fait que cela les conduira tout droit au désastre ne comptera pas. Quel serait donc le régime le plus approprié aux temps difficiles ? La dictature éclairée ? Le totalitarisme mesuré ? Ou simplement le courage politique de ceux qui sont actuellement au pouvoir ? Je vous laisse réfléchir.

Chacun pour soi ou chacun pour tous ?

Depuis plusieurs semaines, les dirigeants européens interviennent en ordre dispersé face à la crise des dettes souveraines. Chacun semble penser beaucoup plus à son électorat et aux prochaines échéances qu’à l’intérêt général. Le résultat est une cacophonie et une incohérence qui ne font rien pour rassurer les populations et les marchés financiers. Ces attitudes irresponsables et égoïstes sont intéressantes au moment de la Semaine de la Mobilité (en France), qui prône le co-voiturage et l’usage des transports en commun (entre autres), pour améliorer les conditions de vie en ville. Le fait de s’associer pour œuvrer au bien commun pourrait peut-être inspirer nos dirigeants européens. S’ils décidaient de tous monter dans la même voiture ou dans le même bus, pour converger vers le même but, en oubliant un moment les intérêts particuliers, la confiance reviendrait, la crise serait en voie de règlement. Mais du côté de l'Europe, on célèbre plutôt la Semaine de l'Immobilité.

dimanche 18 septembre 2011

DSK, au théâtre ce soir

L’intervention de DSK ce soir, servie sur un plateau par Claire Chazal, était une comédie de mœurs très réussie. Costume sombre, air grave, l’air de parler souvent comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre, la représentation était remarquable. Jusqu’à ces gros plans du rapport du procureur, du poing fermé quand il parlait de la machine judiciaire américaine... Qui a décidé de ces inserts ? Ont-ils été négociés avec la réalisation de TF1 ? Le spectacle laisse un goût amer de manipulation, de tromperie, de formatage. On a pris les téléspectateurs pour des demeurés et des benêts, susceptibles de « gober » n’importe quoi. Je me sens insulté après une telle démonstration. On ne saura évidemment jamais ce qui s’est passé dans cette suite d’hôtel, pas plus que dans l’affaire Tristane Banon. Rideau.

samedi 17 septembre 2011

Le côté obscur de nos cousins Germains

En France, le modèle économique allemand est régulièrement cité en exemple. Entreprises, industrie, compétitivité, croissance, fiscalité, rigueur budgétaire, les Allemands semblent avoir tout bon. Ce n’est pas tout à fait exact. La compétitivité se fait au détriment des salaires et des conditions de vie. Outre-Rhin, 1,37 million de salariés à temps plein ou partiel ont besoin des aides de l’État pour « joindre les deux bouts ». Certains employés du tertiaire peu qualifiés gagnent à peine 640 euros par mois. Il n’y a pas de SMIC en Allemagne, et certains salaires n’ont pas augmenté depuis 2002. Entre 2000 et 2010, les bas salaires (960 euros et moins) ont baissé en moyenne de 10%. Pour certains, le miracle allemand est un mirage.
(Source : New York Times).

jeudi 15 septembre 2011

L'Adam envoyée au diable

La Cour d'appel de Paris a tranché : les actionnaires familiaux d'Hermès peuvent créer un holding pour tenir à l'écart les voyous de LVMH sans être obligés de lancer une OPA sur le restant du capital dans le public. l'Adam (Association Des Actionnaires Minoritaires) est donc déboutée de sa demande. C'est une excellente décision, qui va dans le sens de cette marque unique au monde, aux valeurs totalement incompatibles avec celles de LVMH. Au lieu de se plaindre, les actionnaires minoritaires pouvaient acheter Hermès en 2008, au prix de 65 euros. L'action vaut aujourd'hui 15 septembre 268 euros. Ne demandez pas à la justice d'avoir du jugement à votre place.

(Rappel : LVMH s'est introduit sournoisement dans le capital d'Hermès. Il en a aujourd'hui 21,4% et convoite de prendre le contrôle de la société. Le holding créé est un moyen de défense efficace. L'Adam a protesté, arguant que les actionnaires minoritaires étaient lésés. La justice a tranché en faveur d'Hermès).

Ça plane, Herman ?

Mardi dernier, Herman a fait une brève apparition sur le perron de l'Élysée. Il venait sans doute aux nouvelles, pour être tenu au courant des dernières actions concernant la crise des dettes souveraines. Comment, vous ne connaissez pas Herman ? Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen ? En fait, c'est normal, parce qu'il a été choisi exactement pour cela : ne faire aucune ombre aux grands ego nationaux, Sarkozy, Merkel, Cameron, Berlusconi... il en est de même de madame la baronne Ashton, ci-devant chef de la diplomatie européenne (sic). On peut parier qu'elle n'est pas du voyage aujourd'hui en Libye, contrairement à notre philosophe combattant (BHL). Ce choix est évidemment révélateur de la véritable ambition européenne de nos dirigeants, qui est lilliputienne. C'est là une des sources essentielles de la crise actuelle.

Deux milliards de dollars

Oups ! J'ai pris des positions un peu risquées cet été sur les marchés financiers, la conjoncture s'est retournée, et j'ai donc perdu... deux milliards de dollars. C'est ce qu'a du avouer un trader de la banque suisse UBS, lequel vient d'être arrêté à Londres. Après l'affaire de l'évasion fiscale aux USA, après l'implication dans le scandale Madoff, voici maintenant un Kerviel bis dans la première banque helvète. On réalise que les choses vont vraiment mal quand on ne peut même plus faire confiance aux Suisses ! Plus généralement, cela démontre que les banques n'ont pas tiré de leçon de la crise, et que la finance est toujours aussi folle. Mettez de l'argent de côté pour régler la facture de la prochaine débâcle.

mardi 13 septembre 2011

La commémoration du 15-Septembre

Où étiez-vous le 15 septembre 2008 ? Que faisiez-vous ? Vous ne vous en souvenez sans doute pas, et moi non plus. Ce jour-là, le gouvernement américain prenait la décision de ne pas aider la banque Lehman Brothers, en grande difficulté, ce qui entraînait la faillite de celle-ci. La sévère crise financière et économique qui a suivi et qui n’est pas terminée a pris sa source aux USA. Des banquiers avides et irresponsables ont sciemment vendu des crédits immobiliers (les fameux subprime) à des gens qui ne pourraient pas les rembourser s’il y avait la moindre difficulté (ce qui s’est produit). Ces banquiers ont ensuite conçu des produits dérivés fondés sur ces crédits à risques. Ces produits ont été achetés par beaucoup de banques et d’assureurs, ce qui a plongé une bonne partie du monde dans la crise quand il a fallu les déprécier. Ces terroristes financiers ont donc détourné le système à leur profit, ils ont détruit des millions d’emplois, ils ont jeté à la rue des centaines de milliers de familles qui ont vu leur maison saisie, ils ont entraîné la faillite d’entreprises étranglées par la raréfaction du crédit... Sanction ? Aucune. Ces terroristes ont été renfloués par de l’argent public, c’est-à-dire le vôtre et le mien, et un an après, ils recommençaient à toucher leurs salaires mirifiques et leurs extravagants bonus, tout en spéculant sur les dettes des pays en difficulté. Il faudrait un accord mondial pour réguler et juguler les agissements de ce secteur qui pèse un poids démesuré dans l’économie et qui est indifférent à l’intérêt général. À voir la cacophonie des politiques simplement en Europe, ce n’est pas demain la veille.

dimanche 11 septembre 2011

In memoriam

Il ne vous aura sans doute pas échappé que les USA célèbrent aujourd’hui le 10e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Face à ce déferlement médiatique, quelques réflexions :
— La compassion semble être sélective. Sans la contester en aucune manière à propos du 11-Septembre, on peut noter que personne n’a commémoré, et ne commémorera sans doute pas, les 800 000 morts du génocide rwandais, les massacres de Screbenica,  les atrocités commises en Bosnie, en Somalie, au Darfour... Pour être commémorable, l’événement doit-il être médiatiquement spectaculaire et toucher obligatoirement l’une des grandes puissances économiques de la planète ?
— Ces attentats ont entraîné deux guerres : celle d’Afghanistan, que l’on peut considérer comme légitime, autorisée par l’ONU mais qui prend de plus en plus la direction d’une impasse, et celle d’Irak, totalement illégitime, fondée sur des mensonges : les liens de Saddam Hussein avec Al-Qaida, inexistants, et les armes de destruction massive, tout aussi inexistantes. Vous souvenez-vous de Colin Powell à l’ONU, en février 2003, brandissant une pathétique fiole supposée contenir une arme chimique ? Ceux qui ont effrontément menti aux peuples n’ont jamais été sanctionnés pour ces mensonges, qui ont provoqué des milliers de morts militaires et civils.
— Ces attaques ont aussi servi de justification au Patriot Act, la plus formidable restriction des libertés publiques que l’on ait connue dans une démocratie moderne. Écoutes sans limite des citoyens, interception des e-mails et des courriers, rétention des suspects sans contrôle judiciaire, tribunaux d’exception, et cette zone de non-droit qu’est devenue Guantanamo. Plus les fameux vols secrets de la CIA, qui permettaient « d’externaliser » la torture. À son arrivée au pouvoir, Barack Obama s’était engagé à supprimer ces mesures, ce qui a été fait en partie, et à fermer Guantanamo. Guantanamo est toujours ouvert.
— La reconstruction du bas-Manhattan veut être la preuve du dynamisme américain et new-yorkais, mais n’échappe pas à l’arrogance : on ne manque pas de vous préciser que l’immeuble le plus haut fera 541 mètres, 100 de plus que les défuntes twin towers (1776 pieds, la date de la déclaration d’indépendance des États-Unis). Cette arrogance est la même que celle des tours démesurées de Dubaï et (futures) d’Arabie saoudite, le pays d’origine de 15 des 19 terroristes du 11-Septembre. Étrange rapprochement.
— Le terrorisme se nourrit de la misère et de la haine, et la haine se nourrit en grande partie du conflit israélo-palestinien. On peut noter qu’aucune des résolutions votées par l’ONU et contraignant Israël n’a été appliquée, du fait de l'opposition systématique des USA à des sanctions. Ce qui est évidemment perçu comme une injustice insupportable par le monde arabe.
Le XXIe siècle a commencé dans le drame et la guerre. Essayons de rester optimistes pour espérer que nos descendants voient la fin de ces conflits (je renvoie prudemment l’échéance dans un futur pas trop proche, étant plus réaliste qu’optimiste) et qu’ils ne soient plus obligés de se déshabiller à moitié pour prendre l’avion.

samedi 10 septembre 2011

Le triomphe des géomètres

Les sites Internet refaits ou modifiés ces derniers mois ou dernières semaines (Yahoo, le Figaro, la page d'accueil iGoogle, la version bêta de Boursorama...) ont tous un point commun : ils sont taillés au cordeau comme des jardins à la française. Il est bien loin le temps des graphismes curvilignes ou "psychédéliques" pittoresques mais difficilement lisibles que nous avons connu dans le passé. Le web ressemble de plus en plus aux versions papier de ce que nous avons l'habitude de lire. Amusant, au moment où l'on prédit régulièrement la mort de celui-ci.

vendredi 9 septembre 2011

Le grand débat

Le premier ministre a présenté son plan de rigueur : 11 milliards d’euros, c’est-à-dire un milliard d’économies et... 10 milliards de recettes nouvelles. Un catalogue de mesures disparates qui ressemble furieusement à un inventaire à la Prévert. À l’UMP, on s’écharpe pour savoir s’il vaut mieux taxer Mickey et Astérix ou les riches qui se prélassent dans les suites des palaces 5 étoiles. Les riches ont perdu, Astérix et le Futuroscope de monsieur Raffarin ont gagné.
Hervé Morin, ex-ministre de la Défense et candidat putatif à la présidence de la République (sic), a fait distribuer cet été sur les plages des préservatifs avec le slogan « l’euro vous protège » (?). Dans le même temps, on assistait à la débandade des marchés boursiers.
De son côté, madame Le Pen faisait jeter par ses gens de faux euros dans la Seine, pour protester contre le vote par l’Assemblée de l’aide à la Grèce. Elle précisait que le papier de ces faux billets était biodégradable.
Après débat, les socialistes ne voteront pas « la règle d’or », qui exige que le budget de la nation soit à l’équilibre. Mais si l’un deux est élu président en 2012, ils l’appliqueront.
Voilà, c’était un petit résumé de la teneur du débat politique ces dernières semaines, au cas où vous auriez manqué un épisode ou deux.

Nuage noir sur la justice

C'est officiel, la justice a tranché : le nuage radioactif de Tchernobyl s'est bien arrêté à la frontière. Il n'a eu aucun effet particulier sur l'est de la France, ni sur la Corse, et les déclarations surréalistes du professeur Pellerin ne seront pas sanctionnées. Décidément, le nucléaire fait partie des Intouchables en France, cette décision de non-lieu le démontre. Espérons que la Cour de Cassation fera preuve de plus de... jugement.

vendredi 2 septembre 2011

Comme c'est étrange

Je fais partie d'une étrange secte qui s'appelle les Septembriens. Ce sont les gens qui ne partent en vacances ni en juillet, ni en août. Ce blog ne sera donc pas alimenté autant que d'habitude. Retour à la réalité le 9 septembre.

jeudi 1 septembre 2011

Pauvres de nous

Huit millions de pauvres dans la cinquième économie mondiale. Il s’agit de nous, la France, où 8 millions de personnes vivent avec moins de 954 euros par mois. Dans le même temps, les entreprises du CAC 40 ont réalisé 46,2 milliards d’euros de bénéfices au 1er semestre, en hausse de 9,5% sur 2010. Rappelons qu'elles paient en moyenne 8% d'impôt sur les sociétés, contre 34,4% pour les PME. Dans le même temps, des « nantis » demandent instamment à payer plus d’impôts. Comment fait-on pour se loger, manger, s’habiller, s’occuper de ses enfants correctement avec 954 euros par mois ? Les « nantis » et les patrons des sociétés du CAC 40 ne se posent sans doute pas ce genre de questions. Mais nos élus devraient se les poser, et apporter des solutions plutôt que des discours.
(Sources : INSEE, Les Echos).

mardi 30 août 2011

Du bouillon pour tout le monde

À chaque crise boursière ou financière, on accuse ces odieux hedge funds d’en être à l’origine, et les gérants de ces fonds donnent l’impression d’être gagnant à tous les coups. Cela n’a pas été le cas pour la crise du mois d’août, qui a vu tout le monde prendre un sérieux « bouillon » en Bourse. Le célèbre John Paulson, qui a gagné des fortunes en ayant prévu la crise des subprimes, n’a pas échappé à la débâcle : son fonds est en baisse de 35 % depuis le début de l’année, et il n’est pas le seul à subir une perte. De quoi consoler un peu les investisseurs qui possèdent un petit portefeuille boursier et qui se lamentent : vous n’êtes pas seul dans l’univers des moins-values. même les pros n’ont pas vu venir l’orage.

La victoire en tirant

Vous avez sans doute vu ces images des rebelles libyens tirant en l’air à tort et à travers pour fêter leur victoire. Vous pensez peut-être que dans tout Tripoli ces scènes se répètent à tous les coins de rues. Il n’en est rien. Comme le relate une reporter de CNN, c’est l’apparition des caméras qui entraîne la plupart du temps ces tirs frénétiques et ostentatoires. Le reportage de l’événement modifie donc les conditions de cet événement. Il est bon d’en être conscient.

samedi 27 août 2011

Les All Blacks veulent s'abstenir de perdre

L’équipe de Nouvelle-Zélande veut tellement remporter la Coupe du monde de rugby que les consignes ont été strictes : pas de sexe pour les joueurs pendant toute la durée de la Coupe. Aussitôt, Sean Fitzpatrick, un ancien des All Blacks, a été recruté pour appeler dans une publicité les supporters à faire de même. Si cette consigne fait tache d’huile, cela devrait entraîner un sérieux manque à gagner pour les centaines de prostituées qui viennent accompagner d’habitude ce type d’événements, et qui sont impatientes de proposer leurs services à la personne aux supporters esseulés. Verra-t-on des manifestations de rue pour réclamer une indemnisation ou la levée de cette restriction ? À moins que les supporters des autres équipes ne redoublent de vigueur pour pallier la défaillance de leurs alter ego. Après tout, personne n’a jamais prouvé que l’abstinence influait positivement sur les performances sportives.

La bonne étoile des dictateurs

Les médias font état aujourd’hui d’un « convoi de Mercedes en route vers l’Algérie », contenant peut-être de hauts dignitaires libyens, voire le Guide lui-même. La préférence des dictateurs, des cheiks arabes, des oligarques russes pour la célèbre étoile à trois branches est notoire. Cela n’est pas forcément du goût de Daimler, qui se passerait sans doute de ce genre « d’égérie ». Récemment, Abercrombie & Fitch, la marque textile préférée des adolescents, a proposé de l’argent à Mike Sorrentino, un participant à une émission de télé-réalité sur MTV, pour qu’il cesse de porter les vêtements de la marque ! Mercedes va-t-elle faire de même avec Kadhafi, dont les avoirs sont gelés par l’Onu ? Ce type de « parrainage à l’envers » pourrait constituer une nouvelle tendance de non-communication. On pourrait imaginer Rolex versant de l’argent à certains publicitaires trop bronzés, ou Vuitton rétribuant les femmes habillées en blanc et qui portent trop de bijoux en or. Quelle agence de publicité ouvrira la première filiale d’anti-parrainage ? Les paris sont ouverts.

jeudi 25 août 2011

iResign

Suite à la démission de Steve Jobs de ses fonctions de directeur général d'Apple, beaucoup de choses ont été dites ou écrites aujourd'hui, et parmi elles, beaucoup d'imbécillités et d'inexactitudes. Essayons d'y voir un peu clair.
- Non, Apple n'a inventé ni les icônes, ni la souris, ni l'écran tactile. Ces innovations ont été produites au SRI (Stanford Research Center International) et au PARC (Palo Alto Research Center), le laboratoire de recherche de Xerox, dans les années 70. Tous ceux qui ont utilisé un copieur Xerox l'ont fait avec un écran tactile, en pointant le doigt sur des icônes. Le drame de Xerox est qu'il n'a jamais vu le potentiel incroyable de ses propres inventions. Le génie de Steve Jobs a été de comprendre tout ce que l'on pouvait développer avec, et de perfectionner ces découvertes.
- Non, les produits Apple ne sont pas forcément à la pointe de la technologie. Des smartphones sont supérieurs, techniquement et dans leurs fonctions, à l'iPhone, par exemple.
Mais ce qui rend les produits Apple si désirables, c'est que la société offre un POINT DE VUE clair et net sur ce que doit être la technologie, la place qu'elle occupe dans notre vie, et ce qu'elle permet de faire.
Les produits Apple sont d'une étonnante simplicité d'usage (pas besoin de mode d'emploi), ils sont beaux et élégants, et ils offrent une expérience d'utilisation fondée sur le plaisir (iTunes, iMovie, Garage Band, etc.) et ces atouts sont développés jusque dans les moindres détails, sans compromis. Ils vous apportent une GRATIFICATION, comme un sac Hermès peut vous apporter une gratification, parce que c'est un objet exceptionnel. Voilà ce qui fait le caractère unique de la société, comme a pu l'être Sony dans les années 80 (le Walkman) ou un pionnier du design hélas un peu oublié : Braun (on ne dira jamais assez ce que le chef designer d'Apple, Jonathan Ive, doit à Dieter Rams, le génial designer de Braun).
Le génie de Steve Jobs est d'avoir eu cette vision, de n'avoir jamais cédé sur la perfection de sa mise en œuvre, et d'avoir su convaincre le monde entier qu'il avait raison (qui d'autre pouvait appeler Mick Jagger ou Bono au téléphone et les convaincre qu'il pouvait vendre leur musique de façon sécurisée pour 1 $ le titre ?).
Aujourd'hui la société Apple offre une "expérience" globale d'une fabuleuse cohérence : les produits, les applications, leurs noms, les interfaces, les packagings, les Apple Stores, la publicité, tout est simple, beau, intelligent, irrésistible. Souhaitons à Steve Jobs de rester encore longtemps parmi nous, pour continuer à nous offrir une belle alternative à la laideur, à la complication, à la médiocrité.

mercredi 24 août 2011

En voiture vers la victoire

À voir les images des rébellions arabes, on peut déjà en tirer un premier bilan : Toyota a vraiment vendu beaucoup de voitures dans la région.

Un complot contre l'euro ?

Les attaques contre l’euro venues des USA se sont intensifiées ces derniers temps. Après quelques économistes distingués et Timothy Geithner, la dernière est venue de M. Greenspan, qui déclare que l’euro « se décompose ». Peut-on lui rappeler que la monnaie unique européenne vaut aujourd’hui environ 1,43 $, malgré la crise, alors qu’elle valait par exemple 0,85 $ le 1er février 2002 ? pas si mal, pour une monnaie malade. D’autre part, prétendre que les ennuis des États-Unis trouvent leur source dans les problèmes de l’euro est pousser un peu loin le bouchon. La zone euro dans son ensemble est moins endettée que les USA.
Ces attaques viennent comme par hasard après deux événements d’importance susceptibles d’amoindrir la puissance du dollar : la dégradation de la note des USA par Standard & Poor’s, et la Chine qui leur demande avec insistance d’arrêter de vivre au-dessus de leurs moyens (la Chine est de loin le 1er créancier étranger des États-Unis, devant le Japon). Pour faire oublier ses ennuis, on dit que ceux du voisin sont plus graves. Vieille tactique. Le dollar est toujours la monnaie de référence, mais il se rapproche de plus en plus du statut d’une monnaie de singe, assise sur une montagne de dettes, et l’euro, dans l’avenir, pourrait lui faire de l’ombre, si l’UE arrive à mettre en œuvre une politique efficace et cohérente. Souhaitons-le.

Premières en série en Libye

L’affaire libyenne a donné lieu à une série de « premières » dont il faut souligner l’importance. Pour la première fois depuis longtemps, deux pays européens, la France et la Grande-Bretagne, ont pris le leadership d’une action militaire d’envergure, ne laissant plus aux USA le sempiternel rôle de « gendarme de la planète » et de décideur en chef (même si leur puissance de feu a fortement contribué aux opérations). Le fait que cette action militaire débouche sur un succès (a priori) n’en est que plus remarquable, et augure peut-être d’une redistribution des cartes géopolitiques dans l’avenir. On peut noter l’action décisive de la France, qui a effectué très vite les premières frappes, sauvant ainsi la mise aux rebelles de Benghazi, alors en très mauvaise posture face aux troupes de Kadhafi.
Pour la première fois aussi, un pays arabe, le Qatar, a clairement et fortement soutenu la rébellion dans un autre pays arabe (envoi d’armes en Libye et entraînement militaire des rebelles), ce qui est exceptionnel dans une région où les monarchies autoritaires et les dictatures se soutenaient les unes les autres. La solidarité des autocrates est peut-être en train de se fissurer.
Sous mandat de l’ONU, l’OTAN n’a pas hésité non plus à faire ce qu’il fallait pour assurer la victoire des rebelles, donnant une interprétation très large à son mandat (protéger les populations civiles). L’OTAN a clairement assumé le rôle de force aérienne des rebelles, détruisant massivement des objectifs militaires et ouvrant la voie vers Tripoli. La BBC et l’International Herald Tribune ont témoigné de l’ampleur des destructions (sans bavures vis-à-vis des populations). Cela nous change des troupes de l’ONU assistant passivement aux massacres de civils. Cette détermination est à louer : quand on décide de faire la guerre, c’est pour la gagner, pas pour la perdre, et les demi-mesures et demi-opérations sur le terrain n’ont conduit dans le passé qu’à des fiascos dont tout le monde a pâti.
Résultat de tout cela : un dictateur de moins au pouvoir. On peut s’en féliciter, même si le chemin vers la reconstruction risque d’être difficile.

mardi 23 août 2011

DSK, fin du premier acte

Les jeux sont faits. Aux USA, il n’y a plus d’affaire pénale DSK : le juge Michael Obus vient de confirmer l’abandon de toutes les charges. Kenneth Thompson, qui comptait bien se faire un nom et une réputation avec cette histoire furieusement médiatisée, n’aura pas atteint son but. Il ne nous aura pourtant rien épargné : description plus que crue de ce qui est censé être arrivé à sa cliente, production de celle-ci dans les églises noires, les forums féministes, pressions diverses et variées sur le procureur, demande d’un procès civil avant de connaître le résultat du pénal... Cela laisse un fort parfum d’arrivisme, d’opportunisme, d’appât du gain (aux USA, les avocats se rémunèrent en pourcentage des indemnités obtenues, et cette part peut représenter 30 ou 40% de la somme). Ces actions ont pu être menées au détriment de sa cliente : dans sa culture, une femme violée est victime d’un fort ostracisme et rejetée par sa communauté. Divulguer les moindres détails du rapport médical ne peut qu’aggraver les conséquences. De plus, les discours des différents avocats de mme Diallo à New York et à Paris semblent excessifs, fortement biaisés, partisans au-delà de ce qui peut être attendu, et par là, contre-productifs ? Pour ma part, si j'avais des ennuis, je ne choisirais pas ces gens-là pour assurer ma défense.
Au moment où il y a tant d’autres événements d’importance (Libye, Syrie, crise économique...) la mobilisation des médias français peut paraître à la fois démesurée et un peu obscène : cette histoire n’est après tout qu’un fait divers, et DSK n’est plus ni directeur général du FMI, ni candidat à la présidentielle (et il ne le sera évidemment pas). À l’heure de l’audience, CNN était bien plus intéressée par les événements à Tripoli. À chacun ses hiérarchies. Espérons que l’action civile ne déchaînera pas la même frénésie.

Problèmes de riches

Roman Abramovitch, milliardaire russe, propriétaire du club de foot de Chelsea, est très déçu. Il n’a pas pu amarrer son yacht de 162,5 m, l’Éclipse, au quai du port d’Antibes : le navire est trop long. Il a donc été contraint de jeter l’ancre dans la baie, et de prendre sa navette pour aller à terre. Il faut dire que ce tout nouveau yacht est le plus long du monde, 50 cm de plus que celui de l’Émir de Dubaï, qui ne s’en remet pas. C’était notre rubrique : les méga-riches ont de méga-soucis.
(Source AFP).

lundi 22 août 2011

Le sens des priorités

À lire, à voir ou à écouter les médias aujourd’hui, il y a donc deux événements d’importance mondiale : la chute imminente du régime libyen et... le probable abandon des charges contre DSK. Il serait peut-être plus judicieux d’attendre les déclarations du procureur demain mardi avant d’en faire des tonnes et de commencer à spéculer sur l’avenir du mari d’Anne Sinclair.
Le régime libyen semble donc toucher à sa fin. Si c’est le cas (souhaitons-le), les Cassandre de tous bords qui avaient prédit l’enlisement, voire la catastrophe, iront se rhabiller, et mangeront leur chapeau par la même occasion. On peut rendre hommage au président de la République d’avoir été ferme et déterminé dans cette entreprise, comparé à la frilosité américaine (rendons aussi hommage aux britanniques). Pour une fois, l’OTAN mérite des éloges. Ces « printemps arabes » successifs sont quand même la meilleure surprise de l’année, et apportent un formidable démenti à la stratégie du terrorisme prônée par Al-Qaida et consorts (dégât collatéral : Samuel Huntington, qui prédisait « le choc des civilisations » entre l’Occident et l’Islam extrémiste, se reconvertit aujourd’hui dans « le choc des cultures », voulant opposer la culture anglo-saxonne et la culture latino aux USA. Bon courage). Et maintenant, Bachar Al-Assad ? L’ophtalmologue et ses sbires semblent les plus redoutables de la région. Espérons que le peuple syrien pourra en venir à bout.
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », écrivait La Boétie. L’enseignement à tirer de tout cela est que, quand les peuples se lèvent, rien ne leur résiste. Le courage et le désir de liberté peuvent déboulonner les statues les plus solides. Souhaitons que le prix à payer ne soit pas exorbitant.
Question subsidiaire : que vont devenir les « amazones » de la garde rapprochée de Kadhafi ? Va-t-on les reconvertir en hôtesses d’accueil des ministères du nouveau régime ? En guides touristiques ? En maîtresses-nageuses sur les plages ? En professeures de gymnastique ?

dimanche 21 août 2011

DSK, retour vers le futur ?

Nafissatou Diallo est convoquée demain par le procureur Cyrus Vance. Si les charges contre DSK sont abandonnées, il sera très intéressant de voir la fébrilité et les commentaires que cela va provoquer au PS. Les jours prochains promettent du spectacle.

Vers la dictature numérique ?

Dans le match tablettes contre PC, il y a un enjeu bien plus important qu’une simple question de matériel : l’accès libre au web. Avec un PC (ou un Mac) et votre navigateur préféré, vous avez accès à l’Internet sans aucune restriction ; ce n’est pas le cas avec une tablette, qui vous impose l’achat ou le téléchargement gratuit d’applications pour fonctionner, et qui restreint donc votre accès au web (ex : avec une tablette sous Androïd, on ne peut pas se connecter directement aux points Wi-fi SFR). C’est particulièrement le cas d’Apple, qui essaie d’enfermer ses clients iPhone et iPad dans un univers exclusif et fermé (refus du Flash par exemple, qui vous prive de beaucoup de vidéos ou d’animations sur le web). Cette société, qui s’est bâtie dans les années 80 sur les idées de liberté et de simplicité face au monopole IBM, se retrouve aujourd’hui en position de censeur intransigeant vis-à-vis de ses utilisateurs, ce qui est vraiment décevant. Même chose pour les smartphones, qui restreignent de fait votre libre accès au web (pas d’application, pas d’accès). Si dans l’avenir, la majorité de l’accès au web se fait par smartphones ou tablettes, ce sera un accès à un Internet « dirigé » et diminué. Allons-nous accepter tout cela comme des veaux sans réagir ?
D’autre part, les discussions en cours chez les « Trois sorcières » Orange, SFR et Bouygues pour restreindre les offres web illimité ne sont pas rassurantes (voir l’article d’OWNI*). Cela va complètement à l’encontre de la liberté du web, et à rebours de son évolution. On peut imaginer des tentatives futures de favoriser les contenus des opérateurs par un meilleur débit, et de faire payer plus cher les autres pour un accès réellement illimité. Numéricâble et Free ont fait savoir leur désaccord vis-à-vis de ces projets. C’est une bonne nouvelle, mais mieux vaut rester vigilant. La dictature numérique pourrait être la plus sournoise de toutes.

*http://owni.fr/2011/08/19/fin-internet-illimite-fixe-orange-sfr-free-bouygues-telecom/

vendredi 19 août 2011

Mauvais théâtre

À voir la réaction des marchés boursiers hier et aujourd’hui, le petit théâtre Sarkozy-Merkel de mardi a fait long feu. Les marchés ont une capacité que n’a pas le bon peuple, face à ce genre de simagrée : celui de réagir en moins de 24 h et de montrer clairement ce qu’ils pensent de ce qu’ils ont vu. Avec les dégâts collatéraux réels ou à venir sur l’économie. Quand les politiques vont-ils « percuter » et passer enfin des paroles aux actes, et des demi-mesures aux décisions fortes et courageuses ? Le temps presse, les choix se réduisent, plus on tergiverse, plus la facture sera lourde. Qui croyez-vous qui va la payer ?

La vacance de Monsieur Hulot

Nicolas Hulot ne sera donc pas présent aux Journées des Verts à Clermont-Ferrand. Il prend une « distance bienveillante ». Cette délicieuse expression viendra s’ajouter avec bonheur à une collection déjà fournie, qui consiste à dire le contraire de ce que l’on pense, mais avec une atténuation, pour ne pas fâcher franchement (croissance négative, soutien critique, contre-vérité, etc.). Tout cela contribue magnifiquement à la confusion des esprits. Monsieur de Talleyrand disait : « la parole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée ». Cet expert en fourberies a toujours raison aujourd’hui. Peut-être faudrait-il fonder un Comité de défense des mots justes, pour tenter de retrouver un peu de lucidité ?

jeudi 18 août 2011

Le printemps des nantis

Le mouvement lancé aux USA par Warren Buffett (les méga-riches doivent payer plus d’impôts) et repris en France par Pierre Bergé et Maurice Lévy, va-t-il connaître la même ampleur que les printemps arabes ou les Indignés à Madrid ? Aujourd’hui, c’est Geoffroy Roux de Bézieux, PDG de Virgin Mobile, qui déclare « qu’un geste des plus riches n’est pas à exclure ». Verra-t-on les nantis défiler dans les rues et exiger de payer plus, avec à leur tête Madame Bettencourt et Monsieur Bernard Arnault, comme les célèbres duettistes Chérèque & Thibault ? Les politiques devraient se méfier : si ces initiatives se multiplient, et s’ils continuent à nous gaver de paroles non suivies de décisions fortes, l’avenir risque de se faire sans eux. Ce qui ne serait pas forcément une mauvaise nouvelle.